Rescapé de la vie, de la drogue, de l'autodestruction, l'ex-Taxi Girl nous offre ses «Amours suprêmes». Un nouvel album où se mêlent l'amour et la mort, beau, noir et fort.
Je m'amuse, depuis toujours a compiler des "playlists" de toute sorte. Il y en a une qui s'appelle "la playlist a se flinguer" qui regroupe pele mele ce qui s'est fait de plus dark(?), de plus deprimant, les chansons d'amour françaises les plus dechirantes et a chialer, les songs suicidaires des plus tristes de nos chanteurs, une selection des plaintes morbides en chansons.
En ce debut d'année, la palme revient a la chanson "L.U.V", sur l'album de Daniel Darc "Amours Supremes", qui vient de sortir. Elle est en duo avec un autre grand déchiré de la chanson, Alain Bashung, et croyez moi, ne l'ecoutez pas au lever sans quoi votre journée est morte (si en plus vous aimez Daho et que vous y ajoutez "la vie continuera" sur l'album qu'il vient de paraitre)....Je ne donne pas cher de votre etat psychologique a suivre... Enfin, bon, il y a pire, quand meme... l'inexorable baisse dans les sondages de notre bouffon de president qui ne voit toujours pas venir le tragique de son role...
Daniel Darc (né Daniel Rozoum le 20 mai 1959 à Paris) fut le chanteur du groupe Taxi Girl de 1978 à 1986, et mène depuis une carrière solo. Il apparaît dans quelques films dans son propre rôle : Les Enfants de la Blank ou Le Garcon Sauvage de Marc Dufaud. Sur son premier album solo (Sous influence divine), sorti en 1987, il est épaulé par Jacno (ex-Stinky Toys, ex-Elli et Jacno) qui avait accepté de travailler avec lui sur la base d'un single mais réalisera l'album entier. Sur ce disque qui sonne beaucoup comme du Jacno, côté musical, Daniel Darc conserve l'écriture simple et immédiate qui est sa marque de fabrique depuis l'époque Taxi Girl. Au milieu de cet album assez policé, on relève la présence d'un titre très rock'n'roll (Le Seul garçon sur terre) et d'une cover de Comment te dire adieu, titre écrit par Gainsbourg et popularisé par Francoise Hardy.
En 1988, après sa rencontre avec Bill Pritchard , ils enregistrent en 7 jours l'album concept "Parce Que" traitant de l'ambivalence humaine. Sur cet album, on retrouve une reprise d'Aznavour (donnant son titre à l'album) et une adaptation du Velvet Underground (Stephany says). Tiré volontairement à 3 000 exemplaires, cet album rare et précieux, salué par la critique, scellera des liens indéfectibles entre les deux artistes qui vivront même un temps ensemble à Paris.
Toujours en 1988, Daniel Darc enregistre La Ville, très beau single produit par Etienne Daho. Il se débat alors avec ses addictions. Daniel Darc, quasi quinqua, écorché vif (autrefois capable de se tailler les veines sur scène), résume à lui seul la quintessence du mouvement punk français.Ce mouvement mort au combat au début des années 1980, supplanté par l’électronique new wave bon marché – dans lequel son groupe Taxi Girl s’était perdu - et par le raz-de-marée alternatif.
Les textes de ses chansons portent la marque de son style d'où la poesie n'est jamais absente. Voulant rompre avec près de vingt années d'excès divers, il s'est ensuite converti au protestantisme. L'année 2003marque sa renaissance auprès du grand public. Il sort une compilation, puis, l'année suivant, un nouvel album, Crève-cœur, conçu en tandem avec Frederic Lo. Crève-coeur a été une résurrection. Disparu des radars, plombé par des tentatives solos ignorées, pas aidé par son goût du chaos et cette idée qu'il vaut mieux être beautiful loser que petit gagnant, Darc semblait bien perdu. En 2004, son nouvel album arrive enfin au bon moment, quand les années 1980 redeviennent la référence musicale. Darc en avait été un acteur majeur, avec Taxi Girl.
Darc participe ensuite à diverses productions avec Cali, Buzy, Tchéky Karyo, Elisa Tovati, Thierry Amiel ou Alizée. Début 2007, il participe à la tournée Les Aventuriers d'un autre Monde avec Jean-Louis Aubert, Alain Bashung, Cali, Richard Kolinka et Raphael.
Le 14 janvier 2008 est sorti l'album successeur de Crêve-cœur, conçu à nouveau avec Frédéric Lo. Le titre leader annonçé est Amours suprêmes, en référence à A Love Supreme, un album de John Coltrane dont Daniel Darc a fait l'un de ses disques de chevet (moi aussi) . Rescapé d'années d'errance et de déviance, Daniel Darc a choisi la chanson au titre rédempteur, J'irai Au Paradis comme premier single.
Darc incarne ses textes, on ne pourra jamais lui reprocher le contraire : masochiste et égotiste, fragile et exalté, préférant toujours la faillite fracassante à la banalité, sûr de la présence de Dieu mais torturé par l'absence de sens de la vie. Dans le très beau, dépouillé et acoustique Ça ne sert à rien, il invite le grand Robert Wyatt pour quelques hauts choeurs. Plus active, la collaboration de Bashung pour le duo en anglais L.U.V dans lequel les deux hommes déclinent quelques expressions mythiques du rock : « Dead Elvis, Bad Boy, Raw Power ». Pas prévenu, à la première écoute, on prendrait la voix de Bashung pour celle d'Iggy Pop quand il se décide à crooner. On préférera encore le très judéo-chrétien et presque solennel Les remords, ou le faussement allègre J'irai au paradis. Bien que Darc y incarne à fond son personnage : « Quand je mourrai, j'irai au paradis, c'est en enfer que j'ai passé ma vie », l'étrange légèreté du morceau apporte le trouble et l'ambiguïté qu'on attend du monsieur. Sur un tempo bossa-jazzy "Ça ne sert rien", le duo Darc/Lo joue les équilibristes en intégrant les soupirs répétés d’un St-Pierre mystérieux : Robert Wyatt "qui me fait penser à sa façon de chanter sur sa chanson Seasong, il effectue des soupirs saccadés et répétés…" avant de dévier vers un chant de sirène homérique.
Daniel Darc, homme de gauche révolté, dit aimer pêle-mêle aussi bien Bukowski, Burroughs, Dylan que les auteurs de droite tels Nimier, Céline, Morand ou Blondin, preuve que le talent des autres est indépendant de la politique. Cependant, cet enfant d’un couple juif et catholique, converti au protestantisme, se dit aujourd’hui vigilant face aux extrémismes. L’histoire de sa grand-mère déportée et tuée par les nazis le hantera à jamais… "ça me rappelle que je fais partie d'une minorité. Je repense souvent à ce que chantait Joe Strummer dans Guns of Brixton : 'que feras-tu la prochaine fois quand ils sonneront à ta porte, auras-tu les mains sur la tête ou le doigt sur la gâchette ?', j’ai envie de dire que je prendrais... Mais n’est-il pas temps de faire le bien."
Difficile, pour ne pas dire impossible, de faire mieux que Crève cœur. On peut dire qu’il n’y a ici que dix morceaux… Toujours aussi torturé et seul face à la mort, Daniel n’en est pas moins amoureux de la vie et des mots. On retrouve l’un et l’autre dans ce disque fulgurant, réalisé et composé, comme le précédent, par Frédéric Lo. Robert Wyatt et Bashung sont les guests d’enfer (sans parler de la petite Morgane de Cocoon, déjà révélée par Murat) d’un disque prenant, à la fois tendre et désespéré. Mais avec cette petite lueur d’espoir qui est comme un fil rattaché à la survie.
Extraits des textes:
« Dans un an et un jour mon amour
Si personne ne t'a réclamé
Je viendrais te chercher
Oui, te chercher"
« Un pied sur le trottoir
Et l’autre qui brise une vitre
Ca forme un angle bizarre
Je trouve ça plutôt chic »
(class, non?)
Daniel Darc feat Alain Bashung "LUV"
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Album: Daniel Darc "AmoursSupremes" (Mercury/Universal)
Liens: www.danieldarc.com/
www.myspace.com/danieldarc
jeudi 17 janvier 2008
Daniel Darc, un fracassé de la vie
Publié par jeanphilippe56 à 1/17/2008 03:00:00 AM
Libellés : amours supremes, bashung, bill pritchard, daniel darc, elli, frederic lo, jacno, parce que, taxi girl, wyatt
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