mardi 23 septembre 2008

HECTOR ZAZOU R.I.P....... le trépas d'un savant fou de sons


Voici une bien triste nouvelle que celle-ci. Hector Zazou est mort le 8 septembre 2008 à Paris, dans sa soixantième année. Né en Algérie, Hector Zazou mariait avec talent musiques actuelles et musiques du monde. Il laisse une quizaine d'albums dont le dernier doit paraître dans quelques jours (le 6 octobre), "In The House Of Mirrors".
" In The House Of Mirrors", enregistré en Inde, scellera ainsi la trajectoire nomade d'un compositeur influent mais demeuré en marge de toutes classifications. Ce savant fou, dont les pièces montées frappaient et déroutaient, sera tant regretté par des chanteuses audacieuses comme Björk ou la Suissesse Laurence Revey (dont il a réalisé Le Creux des Fées) que par des figures de la world music tels Peter Gabriel, Brian Eno, John Cale, Manu Dibango, Lisa Gerrard, Ryuichi Sakamoto, David Sylvian, Asia Argento ou le Congolais Bony Bikaye avec lequel il signa en 1983 Noir et Blanc, œuvre-jalon de la fusion afro-électronique. Même les acteurs Gérard Depardieu et Richard Bohringer, que Zazou a fait chanter en 1992 pour un hommage à Arthur Rimbaud (Sahara Blue) devraient pleurer ce créateur insatiable. Zazou savait embrasser dans des souffles toxiques traditions et expérimentations, en traqueur de mélodies, de tons et de climats aux flux et reflux subtils.


En 1976, sous le nom de ZNR (Hector Zazou au violon et claviers et Joseph Racaille) sort l'album "Barricades", un disque bizarroïde aux influences diverses: la musique de chambre, le krautrock, le piano d'Erik Satie. De l'avant-garde cérébrale. Ils sortiront une seconde plaque au titre léger "Traité de Mécanique Populaire". Son premier album solo sort en 1979 "La Perversita", de la musique érotique (sic!).Sa production sera abondante (plus de 20 disques) et éclectique. Hector n'a cessé de surprendre à chaque nouvelle oeuvre. "Noir et Blanc", en 1983, pose les jalons de la fusion afro-électronique. En 1991, il est lauréat aux Victoires de la Musique pour le CD "Les Nouvelles Polyphonies Corses". Ce disque signait la rencontre entre les chants corses a capella et des musiciens tels que John Cale, Manu Dibango et Ryuichi Sakamoto. En 1992, il produit "Sahara Blue", un hommage à Arthur Rimbaud sur lequel on retrouve Gerard Depardieu, Khaled ou Tim Simenon.Son approche novatrice lui vaudra le respect des musiciens les plus influents de cette fin du vingtième siècle. "Chansons des Mers Froides" le verra collaborer avec Björk (elle chantera en islandais pour l'occasion), Suzanne Vega, Siouxsie, Jane Siberry, Värtinna + quelques incantations de chanteurs Inuits ou Shamans.Son dernier album, plus electro/rock, "Corps électriques", avec notamment Nils Petter Molvaer à la trompette, est sorti en ce début d'année 2008. Crammed Discs devait sortir "In the House of Mirrors" enregistré à Bombay avec des instrumentalistes indiens et ousbèques, en octobre. La maladie l'a emporté de l'autre côté du miroir.

From 'Songs From the Cold Seas'. "Visur Vatnsenda-Rosu" with Bjork

Du rock impressionniste de ses débuts avec Joseph Racaille au sein de ZNR à son défrichage pionnier des traditions africaines au début des années 80, de l'exploration des musiques ancestrales de l'hémisphère Nord aux chants séculaires celtes, tibétains ou corses (Les nouvelles polyphonies corses, sacré aux Victoires de la musique 1992 grâce à la rencontre entre vocalises de l'île méditerranéenne et de musiciens actuels comme Ryuichi Sakamoto ou John Cale), de l'électro aux dissonances électriques, ses productions continueront d'illustrer une quête de textures novatrices.
Zazou a cherché aussi bien les mariages déraisonnables que les unions fusionnelles. De grands écarts qui ont participé à la notoriété internationale du natif de Sidi bel Abbès en Algérie. Strong Currents, album inouï paru il y a quatre ans, constitue un exemple emblématique de son travail sur les voix sidérales. Ce miroir langoureux du culte Chansons des mers froides (avec Björk et Suzanne Vega, 1994) réunissait les chants capiteux et méconnaissables de Laurie Anderson ou Jane Birkin.
Explorateur fasciné des musiques du monde, pionnier des expérimentations électroniques, amoureux des voix féminines et des quatuors à cordes, arrangeur délicat et amateur de rock étrange, Hector Zazou n'a cessé de surprendre à chaque nouvel album, naviguant entre les genres pour créer les mélanges les plus subtils.
Il fait partie de ces musiciens dont on ne sait plus s’ils pensent ou jouent le plus. "Ce qui m’intéresse, c’est le son même. Le moment où j’enregistre n’est pas le moment qui m’intéresse le plus", nous avait-il confié. Moyennant quoi, il joue de tous les instruments : "S’il faut souffler dans un truc pour produire un son, je veux bien le faire. Mais si j’enregistre une partie de guitare, je vais passer plus de temps à la travailler ensuite." Mais il parvient à devenir virtuose – un des meilleurs – d’un instrument que l’on utilise en général pour ses vertus d’habillage sonore, le theremin. "De temps en temps, j’en joue bien ; de temps en temps, j’en joue très mal. La machine elle-même a ses caprices…"

Avec Hector Zazou, on ne sait pas si c’est le premier des postmodernes ou le dernier des hommes de la Renaissance qui a disparu le 8 septembre. Touche-à-tout et avant-gardiste, élitaire et populaire, généreux et retenu, savant et instinctif, il laisse une œuvre singulière, rare, diverse, contrastée, une œuvre sur laquelle il est difficile de tracer des lignes de force et de cohérence, tant il a exploré de lieux variés dans les musiques populaires du XXe siècle. Le voyage de ce grand nomade des musiques aurait pu continuer à l’infini. La vie en a décidé autrement. Nous avons perdu un musicien unique au monde
Lors de la cérémonie funéraire, il y eut un instant magique et bouleversant. Sa dernière campagne, une jeune chanteuse, Lidwine de Royer, entonna a capella, d’une voix pure et aérienne, une des chansons favorites d’Hector, « The river of no return », jadis fredonnée par Marilyn Monroe dans le film du même nom, « La rivière sans retour ».
Les Anglais ont Peter Gabriel, les Américains David Byrne, les Français Hector Zazou", écrivit un jour Jean François Bizot. Une phrase souvent reprise dans les bios de Zazou, de même que cette citation d’Hector lui-même : « A quoi sert la musique, si ce n’est à changer le monde ? ».

http://www.musicoperator.com/
http://www.takticmusic.com/artistes/zazou/zazou_frames.html
http://www.crammed.be/news/index.htm

Hector Zazou: discographie
ZNR (Zazou-Racaille): Barricades 3 (RCA, 1976)ZNR (Zazou-Racaille): Traité de Mécanique Populaire (Invisible, 1978)Hector Zazou: La Perversita (Scopa,1979)Hector Zazou/Papa Wemba: Malimba (maxi Crammed, 1982)Zazou/Bikaye:Noir & Blanc (Crammed, 1983)Hector Zazou: Géographies (Crammed, 1985)Zazou/Bikaye: Mr Manager (Crammed, 1985)Hector Zazou: Reivax au BongoHYPERLINK "../../mtm/mtm.htm" \l "mtm2" (Crammed, 1986)W/ Ray Lema, Bony Bikaye, Kanda Bongo Zazou/Bikaye: Guilty (Crammed, 1988)Hector Zazou: Géologies (Crammed, 1988)Hector Zazou & Les Nouvelles Polyphonies Corses"(Universal, 1991)Hector Zazou : Sahara Blue (Crammed, 1992), w/Ryuichi Sakamoto, Gérard Depardieu, John Cale, Tim Simenon, Bill Laswell, Khaled etcHector Zazou : Songs From The Cold Seas (Sony, 1995) w/Björk, Suzanne Vega, Siouxsie etcHector Zazou & Harold Budd : Glyph (Crammed, 1995)Barbara Gogan & Hector Zazou: Made On Earth (Crammed, 1997)Hector Zazou: Lights In The Dark (Warner, 1998)Hector Zazou & Sandy Dillon: 12 (Las Vegas Is Cursed) (Crammed, 2001)Hector Zazou: Strong Currents (Materiali Sonori, 2003) w/Laurie Anderson, Lisa Germano, Jane Birkin etcHector Zazou & Bernard Caillaud: Quadri{+}Chromies (Taktic Music/Materiali Sonori, 2006)Hector Zazou : Corps Electriques (Signature/Radio France, 2008) w/Katie Jane Garside, Nils Petter Molvaer etc








mercredi 18 juin 2008

Mort de Esbjörn Svensson (16/06/2008)


Le pianiste suédois, leader de la formation jazz Esbjörn Svensson Trio (EST) est décédé dans un accident de plongée ce weekend dans l'archipel de Stockholm. Les médias suédois ont rapporté qu'Esbjörn Svensson avait plongé avec un groupe, accompagné d'un instructeur dans la Baltique quand il a soudainement disparu. Âgé de 44 ans, il était marié et père de deux enfants
À la tête du Esbjörn Svensson Trio (E.S.T.), complété par le contrebassiste Dan Berglund et le batteur Magnus Öström, le pianiste a contribué à moderniser le jazz et à le rapprocher d'un public plus jeune. En s'inspirant des codes de la musique électronique, il a créé des compositions où s'entrelaçaient et se répétaient des motifs accrocheurs. On doit à Svensson d'avoir fait venir au jazz un public plus jeune en participant au renouveau du genre. Son groupe était un des rares de ce niveau à attirer vers le jazz des oreilles qui y étaient étrangères ou peu familières, sans jamais sacrifier aucune exigence ni sans jamais se lasser d'aucune exploration. On se souviendra d'un jeu très élégant, post-jarrettien dans sa mélancolie aqueuse et son mouvement vers la transe, et bien sûr des brèches qui se seront ouvertes dans le jazz, e.s.t. ayant incorporé l'électronique d'une manière qui ne fût pas d'agrément (tentation à laquelle succomba parfois Miles Davis), mais au contraire constitutive, au même titre que le choix de tel ou tel instrument, d'une esthétique finalement très pure. EST c'était un trio bien repésentatif du jazz de ces 10 dernières années, un jazz décomplexé, presque, qui ne craint pas de fleurter avec le rock, l'electro ou la pop, qui n'a pas peur de la popularité et du grand public, qui ne postule pas à tous coups une supériorité de la marge, du groupuscule ou de l'underground, un groove aussi sophistiqué qu’irrésistible et un grand sens dramaturgique sur scène. Du rock, E.S.T. récupèrait l'énergie, les mélodies accrocheuses pour l'oreille, et un certain sens du bidouillage électronique du son, et du jazz, il gardait l'exigence harmonique et rythmique, et le rôle centrale de l'improvisation, de l'aventure risque-tout tout-à-fond. Une popularité unique dans sa génération, qui mêle M. Tout-le-Monde et les lecteurs les plus exigeants de Jazz Magazine, jeunes ravers et nostalgiques du premier âge du jazz nordique…
Esbjörn Svensson etait un musicien nourri à des sources variées mais cohérentes : Keith Jarrett et le post-rock de Tortoise, le jazz-rock américain dans son versant le plus accessible comme quelques roideurs du jazz nordique…


E.S.T - from gagarin's point of vie
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On doit à E.S.T. un jazz limpide, riche et sobre à la fois, servi par un son très identifiable dû autant à l’originalité musicale qu’à un recours subtil à l’électronique – d’où des sonorités parfois audacieuses (« Carcrash », morceau de 18 minutes dans « Strange Place For Snow », 2002.). E.S.T.a produit une douzaine de disques (chez l’éditeur allemand ACT) dont « From Gagarin’s point of view » qui, en 1999, l’a fait connaître en France. Là comme ailleurs, l’audience du trio a souvent dépassé les seules sphères du jazz. En 2002 son album "Strange Place for Snow", a obtenu une série de récompenses jazzistiques, dont le Guinness Jazz in Europe Award et le prix international aux BBC Jazz Awards. En 2005, le trio de Svensson a obtenu une autre consécration en devenant le premier groupe de jazz européen à faire la "une" du prestigieux magazine de jazz américain Downbeat.


Esbjorn Svensson Trio - Dodge The Dodo
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Dans une époque de confusion et de médiocrité créative, ce trio de musicien suédois prouvait, depuis plus de dix ans, qu’il etait possible d’assurer un véritable parcours individuel et engagé grâce à une combinaison de piano jazz, de rock instrumental et (pourquoi pas) une touche d’éclectisme nord-européen. Dan Berglund, contrebasse et Magnus Öström, batterie, se retrouvent évidemment comme orphelins musicaux, même s’ils sont tous trois de la même génération ; même si le succès du groupe revenait à chacun d’eux qui, d’ailleurs, co-signait les compositions. Comme pianiste, Esbjörn Svensson se référait à Keith Jarrett et à Chick Corea, influences dont il avait su se démarquer. Il a aussi composé, exprès pour sa belle, la chanteuse Viktoria Tolstoy (arrière petite fille de l’écrivain russe), la musique d’un album, « Shining on you ».
E.S.T. venait d'achever la réalisation de "Leucocyte", douzième (et donc ultime) album du trio, pour le label allemand ACT. La sortie en était prévue le 26 septembre prochain. Nous l’écouterons la gorge serrée. "Musicalement, il était la lumière du monde, car son oeuvre faisait reculer les frontières. Il disait suivre la musique à l'intérieur de lui-même », a déclaré le gérant d'E.S.T., Burkhard Hopper. EST était un trio passionnant, riche d'une potentialité extraordinairement fertile . Potentialité qui a coulée lundi, au large de Stockholm...«


Site : http://www.est-...music.com/

dimanche 15 juin 2008

Le son de demain de la semaine s’appelle MGMT



Ce qui est formidable dans le rock (qu'il soit des années 2000 ou de toute autre décennie), c'est qu'il y aura toujours une bande de gamins plus malins que les autres se réunissant dans leur garage pour cracher leur dégoût de la société, de l'ordre, de l'éducation, de leurs contemporains lobotomisés et qui sur ce terreau de frustration et de rejet vont faire jaillir un disque surpuissant qui va éblouir le monde entier. C'est là qu'arrivent les MGMT.
Sur leur pochette comme dans leurs clips, les deux MGMT ont des looks pas pensables, ils semblent appartenir à une espèce de communauté hippie attardée, ils ont l'air, malgré leur très jeune âge, d'avoir déjà consommé des quantités totalement déraisonnables de stupéfiants. Ah oui et ce sont eux deux qui ont entièrement de A à Z écrit, composé et interprété (voix, instruments) cet espèce d'OVNI musical pop-rock-électro-psychédélique.
Calmons tout le monde tout de suite néanmoins : « Oracular spectacular » n'est pas le chef-d'œuvre du siècle. Il est franchement inégal par moments, il y a un ou deux morceaux vraiment en dessous. Bref tout n'est pas réussi dedans. Seulement ce qui l'est, l'est dans des proportions stupéfiantes. Suffit de jeter une oreille sur l'invraisemblable single « Time to pretend ». Tout y est : des paroles parfaites (un hymne à la jeunesse comme on n'en avait plus entendu depuis... on ne sait même plus en fait), une rythmique énorme, mélange de guitare, de batterie et de sons électroniques, des voix superposées, une mélodie assez extraordinaire, un refrain qui tue, et une attitude de branleurs géniaux qui fait oublier à peu près tout ce qui se fait aujourd'hui. A ce jour, « Time to pretend » est de loin le meilleur single rock de l'année 2008, et m'est avis que ça va pas être facile de faire mieux.

MGMT - Time To Pretend (live at Later...)
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Mais on n'est pas encore au bout de nos peines. Derrière il y a un second single quasiment aussi parfait, le monstrueux « Kids ». Il y a le psychédélique « Weekend wars », le sensuel « The youth », un extraordinaire pastiche des Stones de la fin des années 70, « Electric feel », il y a le génial « Of moons, birds & monters » et son final instrumental planant. Tout du long le son est énorme, profond. La première écoute peut dérouter un poil : sur la lancée des deux singles, on s'attend à un album très rythmé, hyper entraînant, or la plupart des autres morceaux sont lents. Il faut donc plusieurs écoutes pour se laisser porter par ces titres qui prennent le temps de s'installer, de planter une ambiance, de monter en crescendo. Parce que oui, contrairement à l'énorme majorité de leurs contemporains donc, les MGMT sont de redoutables compositeurs de chansons (un truc comme « Time to pretend », fallait le sortir...).

Aussi, surtout allais-je dire (c'est là autant que sur les chansons qu'ils font vraiment la différence), comme tous les grands groupes de l'histoire du rock, les MGMT proposent un univers, un univers qui leur est totalement propre, et ça c'est fascinant. Non, encore une fois, ce disque n'est pas totalement génial, non il ne marquera peut-être pas définitivement l'histoire de la musique moderne. Néanmoins ce disque est addictif (quand il entre dans votre platine, plus moyen de l'en faire sortir), ce disque est puissant, ce disque vous donne envie d'exploser de rire quand on vous dit que les Libertines sont un groupe majeur. Et plus que tout, ce disque est vivant. Les MGMT sont d'aujourd'hui. Dans un an on les aura peut-être oubliés. Mais c'est ça aussi le rock. Le rock c'est la jouissance de l'instant, peu importe ce qui arrivera demain. De toute façon demain c'est loin comme disait l'autre. Les MGMT sont là aujourd'hui, pour éblouir le monde...

MGMT "Kids"
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MGMT, c'est un peu un condensé de ce qui se fait de plus audacieux en pop/rock/folk ces temps-ci. Porté par des échappées belles en pleine nature servies par une production ample et irréprochable, le premier album d'Andrew Vanwyngarden et Ben Goldwasser laisse pantois tant il parvient à brasser une diversité musicale impresionnante, évoquant autant Arcade Fire que The Klaxons, comme si Animal Collective avait décidé d'envahir les dance-floors. Parfois déroutante, la galette n'en demeure pas moins étonnante et inventive, flirtant aussi bien avec la pop planante et dansante (en témoigne le single Time to pretend, dont le clip laisse libre cours aux songes les plus irréels), qu'avec les "fausses" ballades magnifiquement orchestrées (écoutez plutôt 4th Dimensional Transition, qui porte bien son nom). Voilà une oeuvre qui, si elle n'est pas révolutionnaire, nous fait tout au moins continuer à penser que la musique populaire ne rime pas forcément avec formatage. Poétique et salutaire!



Les MGMT seront-ils capables de renouveler pareil exploit ? Car il faut aussi l'avouer, on distingue dans ce Cd quelques influences, quelques tics d'écriture, quelques arrangements que l'on trouvait chez les Bee Gees, Chic, Abba, les Pet Shop Boys, artistes certes talentueux, mais dont la simple évocation sur un dossier de presse suffit à plomber une carrière. Ou bien les MGMT donneront dans l'expérimental branché, dansant et foireux (la fin du Cd). Ou bien ils ne seront même pas foutus de sortir d'autre disque.
Alors voilà, on échappera difficilement à MGMT dans les mois à venir. Ils bénéficient de la puissance d’une major, écrivent des textes décalés (« Let’s make some music, make some money, find some models for life / I’ll move to Paris, shoot some heroin and fuck with the stars »), travaillent un look « nu-rave not dead », soignent leur caution indé (ils tournent avec Of Montreal et Yeasayer) et sont de la dernière net-mode avec leurs clips interactifs : bref, ce n’est plus du management, mais du marketing bien roulé. On peut difficilement en vouloir à MGMT à propos de leur soit-disant "je m’en foutisme" politique, ce serait un peu comme en vouloir à, disons, Tony Parker de ne pas fustiger la politique étrangère de Bush après chaque panier. Signe (syndrome ?) de l’époque, ce retour au son sirupeux et complaisant des 70’s est finalement une régression assez proche de Justice defendant un mix du pire des années 80, en totale déconnexion avec la dureté des temps (la derive Sarkozy pour les uns ; le bellicisme des Etats-Unis pour les autres).

MGMT - Electric Feel
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Album : MGMT - Oracular Spectacular - (Columbia)



http://www.myspace.com/mgmt
http://www.whoismgmt.com/

mardi 3 juin 2008

Sergio Mendes, sortie de l'album "Encanto", l'autre grand Serge est de retour



A 67 ans, c’est un nom incontournable de la musique brésilienne mais aussi tout simplement de la musique, 45 ans d'une carrière incroyable avec près de 40 albums (!) au compteur : une longévité qui laisse rêveur ! Avec une série de tubes planétaires, Sergio Mendes règne en pape de la musique populaire brésilienne.

Quant à l’acuité du maître, on peut dire qu’à l’écoute de son Encanto (« Enchantement ») on est sous le charme ! Loin de rester dans un style éprouvé, Sergio n’hésite pas à se frotter à la nouvelle génération de producteurs comme Will I Am pour un résultat haut en couleur. Sergio Mendes, à l’instar du compositeur Antonio Carlos Jobim, le guitariste Joao Gilberto et le parolier Vinicius de Moraes, est à l’origine du mouvement bossa nova qui tire son origine de la samba et qui a vu le jour à la fin des années 1950.
Qu’on ne s’y trompe pas, malgré quelques originaux, « Encanto » est en réalité un disque de reprises, ou plutôt d’adaptations. Entre rythmes de carnaval et mélodies nonchalantes, Mendes y arrange à sa sauce 100% soleil quatre titres phares du grand Carlos Jobim, mais aussi et entre autres le « Look of Love » de Burt Bacharach, déjà transformé en bossa langoureuse sur le cultissime album « Brasil ‘66 » il y a quarante ans. Le musicien, qui a co-produit ce projet avec Will.i.am des Black Eyed Peas, avec qui il avait déjà collaboré en 2006 , a confié l’interprétation de chaque chanson à différents artistes, dont Carlinhos Brown, Natalie Cole, sa femme Grancinha Leporace, Juanes et… Zap Mama, dont la reprise en français du standard « Waters of March » constitue d’ailleurs la seule faute de goût de l’album. Côté musiciens, le casting est tout aussi impressionnant. De quoi passer quelques bonnes soirées d’été.


Sergio Mendes "Encanto" EPK - International Version
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Pianiste de jazz, compositeur, il est parti de Rio de Janeiro, au milieu des années soixante, à la conquête de l'Amérique. En s’installant à Los Angeles il crée son groupe « Brasil 66’ » et mélange la bossa-nova et la pop musique avec des hits tel que « Mas Que Nada » ou « The Look Of Love ». Complice d’Herb Alpert, de Burt Bacharach et aujourd’hui en compagnie du rappeur Will I Am, il reste au sommet des artistes populaires. Depuis quarante ans, sur ses pochettes de disque, il affiche souvent un collier de barbe coupé net, une mèche proprette et un visage affable. Aujourd'hui, la barbiche s'est clairsemée, quelques rides sont apparues, mais le sourire de crooner latino reste intact. Sergio Mendes incarne le swing mâtiné de bossa-nova. Un genre qu'il a mis au monde à l'aube des années 1960 avec son groupe Bossa Rio, qui accueille alors Tom Jobim, João Gilberto ou Stan Getz. «Le plus beau moment de la musique brésilienne», dit-il. Son succès est immense, qui court jusqu'aux Etats-Unis et au Japon. Il est le meilleur ambassadeur des rythmes du Brésil. Mais il fait des jaloux et connaît plusieurs périodes pendant lesquelles le public ne le suit plus. Son pays lui reproche sa «jet-set pop» pour mamies de Las Vegas.
Stevie Wonder ou les Black Eyed Peas vous le diront : "avec lui, l'Amérique s'est crue à Copacabana". En 2006 Will I Am, leader des Black Eyed Peas réquisitionne Stevie Wonder, Justin Timberlake et Erika Badhu pour travailler avec Sergio Mendes.
"Dans les années 60, il y avait la musique hippie, la soul, le rock, le blues, le jazz. Et puis Sergio Mendes est arrivé en disant "Hé, vous connaissez la musique brésilienne?". C’est lui qui l’a importée aux Etats-Unis."

Sergio Mendes "Funky Bahia"

Sergio Mendes "Funky Bahia"
Here's the "Funky Bahia" music video by Sergio Mendes. "Funky Bahia" appears on the Concord Records album "Encanto," available June 10th, 2008 in the U.S. Available now internationally.
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Il y a quarante-ans, l'Amérique se convertit à la bossa. En 1966, Sergio Mendes devient avec Mas Que Nada le premier Brésilien à rafler la mise en squattant le top des charts américains.
Sergio grandit dans la banlieue de Rio de Janeiro. Fils de médecin, il suit gamin des études de piano classique.

"Je m'intéressais plus au football à ce moment-là. C’est quand j’écoutais du jazz que j’étais impressionné et un peu réveillé. J’ai commencé à écouter un peu tous les pianistes de jazz Horace Silver, Art Tatum, Bud Powel et tout ça, ça a changé ma vie. "
A la fin des années 50, Sergio Mendes fréquente les clubs qui bordent la plage de Copacabana. Il y découvre la bossa nova qu'Antonio Carlos Jobim vient d'inventer avec Chega de Saudade.
"Dans les années 60 à Copacabana, je jouais dans une boîte de nuit. Antonio Carlos Jobim est venu [...] On a travaillé ensemble des arrangements pour moi. On est
devenu très copain."
Sergio Mendes


Sergio Mendes - Mas Que Nada
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La Bossa Nova accompagne la révolution douce, initiée par le nouveau président brésilien Kubitschek, qui rêve de faire progresser son pays de 50 ans en cinq ans. À la fin des fifties, il fait sortir de terre à 1000 mètres d'altitude une nouvelle capitale ultra-moderne: Brasilia dessinée par l'architecte Oscar Niemeyer. L'ère du renouveau souffle sur le Brésil. La bossa nova en est l'ambassadrice.

"En 1962, il y a eu un concert de bossa nova au Carnegie Hall, à New York, c’est la première fois que je quittais le Brésil. Il y avait Antonio Carlos Jobim, Joao Gilberto. J’étais avec le Bossa Rio, et on a donné un concert. "
Grâce à ce concert, la fièvre bossa nova gagne l'Amérique. Dans la salle, Miles Davis et Ella Fitzgerald assistent au sacre de Joao Gilberto, Tom Jobim et Sergio Mendes.

Mas Que Nada featuring the Black Eyed Peas

Mas Que Nada featuring the Black Eyed Peas
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Pendant ce temps-là au Brésil, les militaires soutenus par la CIA liquident l'ère Kubitschek. Le 1er avril 1964, le coup d'état éclate, les tanks entrent dans Rio.
"J’ai un fils, Rodrigo, qui est né en avril 64, le jour de la révolution brésilienne. C’était un temps pas sympathique au Brésil. Et j’ai décidé de partir avec mon orchestre, m’installer à Los Angeles et commencer une vie là-bas."

En Californie, Sergio fonde un nouveau groupe, Brasil 66, et fait pénétrer le son lounge de la bossa, dans les foyers américains.

Sans complexe, Mendes revisite le répertoire anglo-saxon, des Beatles à Burt Baccharah et fait un tabac avec la reprise de The Look Of Love en 1968. Les stars d'Hollywood deviennent ses meilleurs amis. Il est même l'invité de la Maison Blanche.

Quarante-ans 40 après s'être frotté à la pop, Sergio Mendes récidive en relevant la bossa à la sauce hip-hop des Black Eyed Peas et de Will.I.Am.




Album : Sergio Mendes "Encanto" - Universal / Universal Music Division Ulm [universal]

Liens :
http://www.sergiomendesmusic.com/www.myspace.com/sergiomendes



lundi 2 juin 2008

La Rumeur contre Sarkozy: le marathon judiciaire se poursuit aujourd'hui 3 juin




Le nouveau procès en appel intenté par le ministère de l'intérieur contre Hamé aura finalement lieu le mardi 3 juin à 14h devant la Cour d'appel de Versailles.
Six ans que ça dure. Depuis 2002, le ministère de l'Intérieur s'oppose au groupe La Rumeur, et en particulier à Hamé qui répondra à la barre sous le nom de Mohamed Bourobka. Accusé d'avoir diffamé la police française dans un article et malgré deux relaxes, le rappeur va devoir s'expliquer une nouvelle fois devant la cour d'appel de Versailles ce mardi.
En entrant dans le tribunal, Hamé aura en main une pétition de soutien à La Rumeur au bas de laquelle figurent 10 000 signatures: une liste de deux cents pages qu'il déposera sur le bureau du juge en début d'audience. Les fans, encouragés sur le site du groupe à venir le soutenir, devraient également venir en nombre au rendez-vous.
Hamé arrivera avec cinq témoins qui se succèderont avec lui à la barre, au cours de l'après-midi: les deux historiens Jean-Luc Einaudi et Maurice Rajfus, le journaliste Grégory Protche, le sociologue et chercheur au CNRS Jean-Pierre Garnier ainsi que la linguiste Dominique Lagorgette. Ces cinq intellectuels l'ont aidé à élaborer une défense d'ordre politique et prouver, comme en première instance puis en appel, que le contenu de son article est historiquement fondé.


Hamé
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L'affaire a débuté en juillet 2002. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, dépose une plainte contre Hamé. Le rappeur est accusé de "porter atteinte à l'honneur et à la considération de la police nationale". L'objet du délit est une article de 3 pages titré: "Insécurité sous la plume d'un barbare", écrit par Hamé et publié en avril 2002 dans le petit magazine gratuit édité par le label de son groupe, "La Rumeur Magazine".
Le fanzine accompagnait la sortie de "L'Ombre sur la mesure", le premier album de La Rumeur. Le litige porte sur trois phrases de cet article, dont celle-ci: "Les rapports du ministère de l'Intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu'aucun des assassins n'ait été inquiété."
Après avoir été relaxé à deux reprises, en première instance, le 17 décembre 2004, et en appel, le 22 juin 2006, Hamé est renvoyé, contre toute attente, par la Cour de cassation -via l'arrêt du 11 juillet 2007- devant la cour d'appel de Versailles. Hamé, joint au téléphone, explique:
"Le lien de cause à effet, entre la nomination toute récente, au moment du procès, de Nicolas Sarkozy aux plus hautes fonctions de l'Etat et ce renvoi en cassation de l'affaire après deux relaxes, ne fait aucun doute pour moi."
"Politiser un débat jusqu'ici confiné dans la sphère de la recherche universitaire"
Hamé n'aura certes pas été le premier rappeur à avoir tenu des propos considérés comme diffamatoires qui le conduiront devant les tribunaux -avant lui, Ministère Amer et NTM ont été condamnés en 1995.
Mais Hamé est le premier d'entre eux, soutenu par l'ensemble des quatre autres membres de La Rumeur, à vouloir se servir de son procès "pour ouvrir publiquement et politiser un débat jusqu'ici confiné dans la sphère de la recherche universitaire". Ce mardi, Hamé se dit déterminé à tenter une nouvelle fois de faire bouger les lignes:
"Il s'agit de refuser que soit considéré comme diffamatoire le fait de critiquer publiquement les épisodes des massacres du 17 octobre 1961, de la station Charonne ainsi que les nombreuses bavures perpétrées à l'encontre de jeunes issus de l'immigration dans ce qu'on appelle les quartiers à partir des années 80."
"La nouveauté dans notre système de défense sera d'aborder l'article incriminé en tant qu'objet littéraire s'inscrivant dans une tradition bien française, en l'occurrence celle du pamphlet. Pour démontrer qu'avec ce texte, je ne viens pas de nulle part, mais que je m'inscris dans une tradition, et que je suis enraciné dans une réalité sociale, historique, culturelle et artistique française.
"Nous avons décidé de mieux démontrer et affirmer que nous avons toute légitimité à faire ce que nous faisons et à dire ce que nous disons. Et c'est essentiel, car en nous intentant ce procès on nous signifie qu'on n'est pas autorisé à s'exprimer sur le plan politique."


La rumeur - Tout le monde en parle
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"Le groupe de rap le plus structuré intellectuellement que j'ai eu à défendre"
Titulaire d'un DEA en audiovisuel et en sociologie des médias, Hamé est donc résolu à assumer la dimension politique du procès. Son avocat Dominique Tricaud declarait d'ailleurs il y a un an à Libération:
"C'est le groupe de rap le plus structuré intellectuellement que j'ai eu à défendre, d'une intelligence exceptionnelle."
"Depuis trois ou quatre décennies s'est forgée dans ces quartiers une mémoire collective qui est traversée et ensanglantée par les crimes policiers et les violences policières racistes demeurés impunis. Ces cinq témoins vont m'aider à prouver que les humiliations policières à répétition font bien partie du quotidien pour un certain nombre de ces jeunes."
Quelle que soit l'issue de ce procès, Hamé et La Rumeur sont déterminés à aller jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme, pour que soit reconnue leur "légitimité à s'exprimer". Ils ne se font pas d'illusion et savent qu'"il faudra un certain nombre d'affaires comme celle-ci pour qu'on puisse un jour parler librement de ces périodes sombres de l'histoire de France".
"Avec les frais de justice, on aurait pu financer deux ou trois albums"
En attendant, les pertes financières occasionnées par ces démêlés avec la justice fragilisent les finances de leur jeune label, La Rumeur Records, comme tient à le préciser Hamé:
"Avec l'argent investi dans cette bataille juridique, on aurait pu financer deux ou trois albums ou deux ou trois tournées ou produire un jeune groupe. Mais nous avons dû consacrer ces vingt mille euros à nos frais d'avocat."
"L'équation "médiatisation du procès" = "explosion des chiffres de vente de disques" ne se vérifie pas dans notre cas, même si un nouveau public nous a découvert à la suite de cette affaire. Mais nous ne nous plaignons pas, car on estime que c'est aussi un des rôles de La Rumeur que de livrer ce genre de combats."
A la fin du reportage tv réalisé au moment de la condamnation de NTM, qui date de1996, Jack Lang déclarait:
"Au moment où on va faire entrer André Malraux au Panthéon, je ne peux pas ne pas me souvenir que des censeurs de tout poil avaient demandé au ministre de l'époque d'interdire la pièce de Jean Genet 'Les Paravents', qui mettait en cause les militaires pendant la guerre d'Algérie.
"Et André Malraux leur a répondu avec vigueur: 'Il faut réfléchir à deux fois avant de décider de jeter la liberté par la fenêtre'. Malraux avait conclu: 'Je choisis la liberté.' Et je choisis, à l'image de Malraux, la liberté."


La Rumeur - L'Ombre sur la Mesure
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Vous pouvez apporter votre soutien à La Rumeur en signant le texte d'appel ci-dessous. La liste des signataires viendra s'ajouter au dossier de la défense.

Nous artistes, intellectuels, et citoyens, nous déclarons solidaires du groupe de rap La Rumeur, poursuivi avec acharnement et malgré deux relaxes, depuis cinq ans par le ministère de l’intérieur pour avoir publié un texte mettant en cause les violences policières depuis plusieurs décennies en France.

Nous le faisons au nom du principe fondamental de la liberté d’expression. Mais aussi parce que nous estimons qu’il est urgent que s’ouvre enfin un débat sans tabou sur les pages sombres de l’histoire de la police française.

La justice doit reconnaître qu’il n’est pas diffamatoire de revenir sur les massacres d’octobre 1961, de Charonne, ou les bavures commises depuis les années 80.

Premiers signataires : Noir Désir, Mouss et Hakim (Zebda), Kader Aoun, Jacky Berroyer, Benjamin Biolay, Cali, Esther Benbassa (directrice d'études à EPHE-Sorbonne), Denis Robert (écrivain), Olivier Cachin (journaliste), Christophe Honoré (réalisateur), Raphaël Frydman (réalisateur), Erik Blondin (gardien de la paix), Geneviève Sellier (universitaire), Philippe Manoeuvre (rédacteur en chef de Rock & Folk), Bruno Gaccio (auteur), Lydie Salvayre (écrivain), François Bégaudeau (écrivain), Bernard Comment (écrivain, éditeur) ...

Plus d'infos sur :
http://la-rumeur.com

Merci a Clotilde Monteiro de Rue89 (http://www.rue89.com/)

vendredi 30 mai 2008

Nouveaux ou a venir

Vivons tout nus avec Sigur Rós



Attention ça va aller très vite. A l’heure où vous lirez cet article la vidéo ne sera peut-être déjà plus disponible. Car le groupe islandais Sigur Rós surprend avec son nouveau clip Gobbledigook, dans lequel tout le monde est nu et communie avec la nature (oui, c’est beau). On se doute que les sites de partage de vidéos vont être submergés de demandes de censure, sachant que même le compte Youtube officiel du groupe n’a pas pu poster son clip. Pas la peine d’essayer de se réfugier derrière l’expression artistique… Sinon fort heureusement, le clip est visible sur le site officiel du groupe (encore heureux). N’hésitez pas à poster des liens où la vidéo est disponible, histoire de voir qui sont les sites courageux… Il y a aussi Facebook pour le moment : http://www.facebook.com/video/video.php?v=20013278377
Les Islandais de Sigur Ros ont inventé un rock expérimental complètement singulier.
Après un premier album, "Von", sorti en 1997, Jon Thor Birgisson (guitare, chant), Georg Holm (basse) et Agust (batterie) publient "Agoetis Byrjun" en 1999. Ethéréé, spatiale et spéciale, la musique de Sigur Ros traverse les frontières et reçoit la possibilité de jouer en première partie de la tournée de Radiohead en 2001 ainsi que de celle de Godspeed You! Black Emperor.

En 2002, Sigur Ros sort "( )", album qui a la particularité d'être chanté envolenska, une "langue" inventée par Birgisson, proche de l'islandais au niveau phonique, mais dénuée de sens. Les séries signifiantes sont à découvrir dans une lecture sonore propre à l'auditeur. Plus brut, difficilement accessible, cet album d'ambiances rock et electro se vend néanmoins particulièrement bien dans le monde, notamment aux Etats-Unis et en Angleterre. En 2005, le groupe revient avec "Takk...", suivi de "Hvarf - Heim" en 2007.
Une musique novatrice et planante au lyrisme froid : le frisson Sigur Ros
Les islandais viennent d'annoncer la sortie de leur cinquième album pour le 23 juin 2008 ("Með suð i eyrum við spilum endalaust" qui pourrait apparemment se traduire par "Avec ce bourdonnement dans nos oreilles, nous jouerons éternellement")
"Gobbledigook" en est le premier extrait (downloadable gratuitement sur leur site).


Sigur Ros - Gobbledigook réalisé par Arni & Kinski (si la video a été censurée, allez ici : http://www.sigurros.com/dvd3.asp___________________________
Rythmes tribaux, chant aérien, guitare acoustique... ce titre ressemble à une promenade en terre d'innocence... avec des références évidentes à piocher du coté d'ANIMAL COLLECTIVE.

Vous pouvez en ce moment télécharger ce morceau gratuitement sur le site de Sigur Ros. Sigur Rós sera en concert le 6 juillet à Arras (62) et le 15 août à Saint-Malo (35)

http://www.myspace.com/sigurros

http://nybatteri.free.fr/

http://www.sigur-ros.co.uk/




Ratatat (touille) - LP3 nouvel album



Ratatat est un duo New-Yorkais composé de Mike Stroud (guitariste) et d'Evan Mast (multi-instrumentiste) qui se spécialise dans le rock instrumental. Ratatat, c'est surtout un numéro incongru qui tranche dans le circuit rock actuel, où tant de groupes guitare/basse/voix interchangeables sont bien rangés dans leur petite case. Enfin... rock ? Pas si sûr. À l'instar de Tv On The Radio et son génialissime Wolf like me, le groupe résulte plutôt de la fusion de rock et du hip hop (avec en plus une touche de synthé et d'effets), une sorte de kaléidoscope stylistique où toutes les influences diverses et variées se mélangent pour nous livrer des morceaux psychédéliques à tendance électronique. Rien de bien compliqué pourtant, les accords sont relativement simples et peu nombreux, les riffs souvent saturés, et les effets sûrement issus de processeurs et autres ordinateurs... Bien que Ratatat soit ancré dans la communauté rock, on pense parfois au Daft Punk en pleine crise de copier-coller à l'époque de Discovery.
La première qualité de Ratatat est donc de ne ressembler à rien de connu (ou éventuellement à l'hurluberlu japonais Zongamin ­ mais comme il n'est lui-même pas très célèbre, cela ne compte pas). C'est aussi un groupe sans chanteur, ce qui est pour le moins original, le rock instrumental, contrairement à la techno, au jazz ou au hip-hop, n'étant plus si fréquent depuis la fin des années 60, la dissolution des Shadows et la triste mort de Link Wray. Quant aux groupes de musique ambiantale, brièvement regroupés sous la bannière «postrock» (Tortoise, Godspeed...) à la fin des années 90, certes ils ne nourrissaient pas non plus de chanteur en leur rang, mais les airs solaires et fanfarons de Ratatat ne sauraient leur être rattachés. Un titre comme Tropicana évoquant bien plus le monde enchanté de la pop psychédélique expérimentée par les Beatles aux cours des années 60 que celui des groupes dépressifs nés après la mort du grunge.
De toute manière, est-il possible de ranger Ratatat dans une quelconque famille, hormis celle, chaque jour plus importante (Herman Düne, Grandaddy, Sebastien Tellier, Arab Strap, TV on the Radio...), des hurluberlus à barbe de trois jours ?
Le prochain album de Ratatat va être disponible le 8 juillet et il va s’intituler “LP3“. Ils avaient déjà sorti le simple Shiller et voici que le second simple Mirando pointe le bout de son nez en vidéo.

Ratatat - Mirando
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http://www.ratatatmusic.com

http://www.myspace.com/ratatatmusic


Joseph Arthur - Lonely Astronaut (new song)


Que peut-on attendre de Joseph Arthur en 2008 ? A l’écoute de son précédent album, "Let’s Just Be", on a envie de répondre : pas grand-chose… Mais voilà, le songwriter est productif et alors que son prochain disque "All You Need Is Nothing" se profile à l’horizon pour le mois d’août, Joseph Arthur nous propose une série de trois EPs plutôt bien garnis. "Could We Survive" est le premier d’entre eux.

Lonely Astronaut est un nouveau et excellent morceau du grand Joseph Arthur diffusé sur son blog et sa page MySpace.
Quant à l'album, All You Need Is Nothing, il devrait être disponible le 5 août.


http://www.josepharthur.com/

http://www.myspace.com/josepharthur



Phoenix renait

Les Phoenix viennent de produire un nouveau morceau gratuit pour soutenir l'association "Action Contre La Faim". Le morceau n'est pas transcendant mais il permet de nous faire patienter jusqu'à la sortie du nouvel album du groupe cette année.
4 ans après leur envol "United', les petits frenchy ont fait parler d'eux, toujours associés à cette image (devenue fréquente ces derniers temps) "Versailles-Air-Coppola Connection", d'où ils puisent leur Source.


Phoenix Twenty-one one zero Preview
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http://www.wearephoenix.com/

John Zorn/Lou Reed/Laurie Anderson - The Stone : Issue Three


Né à New York en 1953, John Zorn a joué de plusieurs types d'instruments avant d'étudier le saxophone et la composition à l'Université de Webster à St-Louis au début des années 70. Musicien-compositeur-producteur, enfant terrible de la musique américaine postmoderne, il est devenu un des artistes les plus influents de « l'avant-garde ». Il a composé de nombreuses ouvres explorant une grande variété de genres parmi lesquels le jazz, le rock, le punk, la musique classique, l'improvisation sans oublier la musique de films.
Vers la fin des années 80, il fonde le groupe Naked City composé de Bill Frisell à la guitare, Fred Frith à la basse, Wayne Horvitz au clavier, Joy Baron aux percussions et Yamatsuka Eye pour la partie vocale. Dès les premiers enregistrements du groupe légendaire fondé par Zorn, la transgression des genres atteint de nouveaux sommets. En 1991, il forme un autre célèbre groupe de jazz expérimental, Painkiller, avec Mick Harris et Bill Laswell.

Dans les années 90, il fonde Tzadik dont le premier grand coup a été la publication des 10 disques réalisés en studio de son quartette Masada, son grand projet de recherche sur l'identité culturelle juive. Le groupe Masada formé principalement autour de Joy Baron (batterie), Greg Cohen (basse) et Dave Douglas (trompette) a pour objectif de transfigurer le klezmer en « culture juive
radicale ». Une musique exploratoire où le klezmer de ses racines juives se conjugue au free-jazz.

En 30 ans de carrière, John Zorn est toujours demeuré fidèle à une démarche sans concession. Malgré son statut de musicien touche-à-tout, il a su garder la ligne dure. Le Festival international de musique de Victoriaville l'a invité à 12 reprises depuis 1988 avec des formations de tout acabit. Zorn voyage et joue régulièrement sur scène, avec son groupe ou d'autres collaborateurs, aux États-Unis, au Japon et en Europe

Troisième épisode discographique d’un projet conçu pour subvenir au fonctionnement du Stone, le club de la scène downtown new-yorkaise dirigé par John Zorn, The Stone : Issue Three réunit aux côtés du prolifique saxophoniste, Lou Reed (guitare électrique) et Laurie Anderson (violon et machines), pour un concert avant-gardiste enregistré en comité réduit. Un set sobrement décomposé pour le besoin du disque en trois parties, elles-mêmes subdivisées en plusieurs mouvements au gré des improvisations mutuelles.
Ce troisième volume documente les frasques improvisatoires de ZORN et du couple REED / ANDERSON du 10 janvier 2008 pour trois sets qui, vu l'exiguïté du lieu et la renommée des intervenants, affichèrent complet longtemps à l'avance. Ici trois extraits sulfureux : un violon contemporain, un saxophone déchiré entre les slaps et les squeaks, et une guitare rageuse et saturée. Soit le son d'un New York transgénérationnel - le type même de rencontres qu'on n'aurait osé imaginer ! -, recouvrant un demi-siècle d'expérimentations et dont le génie et la subversivité en scellent à jamais le propos. Malaxée au son des instruments, 48 minutes durant, la matière musicale bouillonnante de The Stone : Issue Three met la frousse, subjugue, ravit, déroute, place l’auditeur au cœur d’un no man’s land musical subversif, qui n’est rien d’autre que la création à l’état pur.

Acoustic Masada (2006) - Tharsis
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Album : John Zorn/Lou Reed/Laurie Anderson - The Stone : Issue Three - label Orkhêstra TZ 0004 - 2008

http://www.tzadik.com