Henri Salvador - Bon Voyage
Décès d'Henri Salvador
Henri Salvador, je dois dire, m'a souvent heurté par ses propos dans les interviews. Il y avait chez lui quelque chose du style "apres moi la fin du monde..." Parfois de l'intolerance et des declarations a la limite des idées d'un vieux monsieur de droite extreme. Mais ce n'etait pas son rire forçé qui effaçait tout, c'etait sa voix si unique, sa voix de seul crooner français pouvant rivaliser avec les maitres americains du genre, si touchante, si craquante... Et puis ses "vrais" penchants musicaux, musique bresilienne, jazz... qui ont fait de lui pendant longtemps, un chanteur français a part, complet, doté d'une belle culture musicale et ouvert a de nouvelles experiences. Ne le considérons pas comme un grand, il ne tirait pas dans la meme catégorie que Brel, Brassens, Ferré... Souvent démago, ce fut un salthimbanque amuseur qui brillait par sa décontraction, ce qui n'est déja pas si mal en cette période de show biz "rolex" ultra conventionnelle. Finalement j'oublierai, pour ma part, ses propos de vieil égoïste réactionnaire concernant les préoccupations des intermittents du spectacle.
meeting de campagne de Sarkozy
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Son récent ralliement à Nicolas Sarkozy pointait déjà dans plusieurs de ses chansons. « faut rigoler, faut rigoler » suggérait l’intéressé dès 1960, sur des paroles de Boris Vian. Coïncidence savoureuse, deux ans plus tôt, les mêmes subodoraient le sarko-footing (Moi, j’préfère la marche à pied) et dédiaient une ode à la future ex-Présidente de la République, Cécilia (« Cécilia t’es la plus belle / Viens danser la mazurka »), la symbolique Marianne figurant sur le même 25cm. Ainsi, il faut bien le déplorer, qu’un sarko-couac (Je peux pas travailler) préfigurant Le travail c’est la santé de 1965 : « Le travail c’est la santé / Rien faire c’est la conserver / Les prisonniers du boulot / N’font pas de vieux os ». Heureusement, l’année précédente, le futé M. Henri avait brossé un sarko-portrait visionnaire plus que jamais d’actualité, d’infirmières bulgares en pêcheurs bretons et autre Pape de saison : Zorro est arrivé. Au sujet des élections, il avait dès 1954 concocté la Chanson douce tripartite Bayrou, Royal, Sarkozy sous le titre original un poil partisan : Le loup, la biche et le chevalier. Et le finaud avait même prévu en 1956 un titre pour Ségolène Royal à destination de François Bayrou : Quand je monte chez toi.
Pour les amours de notre bon Président chez Mickey, c’était Minnie petite souris (1963), voire Cherche la rose (1980) alliant le débauchage d’une star « de gauche » à celui de pontes du PS. Enfin, à propos de l’accord nucléaire sonnant et trébuchant avec le colonel Kadhafi visant à dessaler de l’eau de mer, un titre de 2000 s’impose : Faire des ronds dans l’eau.
Espérons que cette retraite à 90 ans ne donnera pas des idées à ceux qui ne rêvent que d’en repousser l’âge limite pour tous.
BIOGRAPHIE
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Les deux frères SALVADOR Henri et André dans les années 30
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Henri Gabriel Salvador, né à Cayenne, en Guyane française le 18 juillet 1917 est décédé ce 13 février 2008 d'une rupture d'anévrisme.
Henri Salvador fut un personnage marquant de la musique française et mondiale :
* ses chansons populaires restent fredonnées par des générations de Français (Syracuse ; Le loup, la biche et le chevalier (Une chanson douce), etc.),
* il est le premier chanteur de rock'n roll français (1956),
* il serait à la source de la bossa nova brésilienne (1957),
* il fait partie, avec Sacha Distel, des deux seuls chanteurs de variété français à figurer dans le Dictionnaire du Jazz.
Discographie :
http://pagesperso-orange.fr/joo/discographie/albums.htm
Biographie : De Popeye au Jardin d'hiver, en passant par un peu de travail puisque c'est la santé.
C'est à l'âge de 12 ans qu'il débarque du paquebot Pérou dans le port du Havre le 16 août 1929 en compagnie de toute sa famille. Son père, Clovis, et sa mère, Antonine Paterne, fille d'une indienne caraïbe, sont tous deux natifs de Guadeloupe. Son père de Morne-à-l'Eau et sa mère de Port-Louis. Il a une sœur Alice et un frère, André, avec lequel il chantait en duo au début de sa carrière, et avec qui il fit les beaux jours du Jimmy's à Paris et à Biarritz. Son frère André Salvador fut Grand prix du Disque 1947 avec Hey-ba-ba-re-bop avec l'orchestre d'André Ekyan. En 1936, il devient le guitariste du violoniste de jazz américain, Eddy South. A 20 ans, Henri Salvador est soldat
Il rencontre Django Reinhardt, avant d'être mobilisé de 1937 à 1941, année où il retrouve le grand guitariste manouche en zone libre. Il est engagé par Ray Ventura, qui l'emmène en Amérique du Sud d'où ils ne reviendront qu'en 1945.
De décembre 1941 à décembre 1945, il fait donc partie de l'orchestre de Ray Ventura lors de son séjour en Amérique du Sud — Brésil, Argentine, Colombie, Uruguay, etc. Parmi ses inspirateurs marginaux figure un clown, "Rhum", pour qui faire rire était "la plus noble des missions". Salvador appliquera spontanément sa leçon fin 1941, à Rio de Janeiro, en se livrant à une imitation du personnage de Popeye qui vaudra un triomphe au lieu d'un four à l'orchestre Ventura. En octobre 1956, il part aux Etats-Unis où le célèbre animateur de télévision, Ed Sullivan, l'engage deux semaines dans son show. Son tempérament d'homme de scène, de véritable "showman" tel que les Américains le conçoivent, séduit les critiques de New York qui le surnomment "Fire Ball".
Par la suite, devenu chanteur, il fit toujours en sorte de combiner sur ses albums chansons très fantaisistes et chansons douces, bien que le grand public se montre plus enthousiaste sur les premières, où il régnait sans partage, tandis que la concurrence était sévère dans le domaine des secondes (André Claveau, Georges Ulmer, etc.).
Sous le pseudonyme d'Henry Cording, il chante, en 1956, des morceaux de rock'n'roll en français écrits par Boris Vian et composés par Michel Legrand et par lui-même (Rock hoquet). Parallèlement il enregistre un 45-tours à la guitare jazz intitulé Salvador plays the blues. Là où d'autres artistes de variétés ont été bousculés par l'avènement du rock, Salvador a contourné l'écueil en se prêtant dès 1956, avec Boris Vian et le compositeur Michel Legrand, à une parodie du genre - qu'il n'appréciait guère - sous son pseudonyme d'Henry Cording.
En sont nés Va t'faire cuire un oeuf, man, Rock and roll mops et Rock-Hoquet, que le chanteur classait parmi ses canulars - sans ignorer qu'ils avaient aussi contribué à sa popularité. En contrepartie, il s'offrait à peu près au même moment le plaisir d'un disque de guitare jazz...
Twist SNCF (1962)
C'est là que débute la carrière personnelle de celui qui était le guitariste - excellent - et le comique de la troupe. En 1957, il a notamment composé "Dans mon île", qui aurait inspiré Carlos Antonio Jobim pour créer la bossa nova. Jobim "a dit: 'mais c'est ça, voilà ce qui faut faire: il faut ralentir la samba, faire de belles mélodies et de beaux accords'", racontait Salvador, "j'en revenais pas".
Autre agent de sa popularité, sa femme Jacqueline (Garabedian), solide imprésario avec qui il deviendra notamment le premier artiste de variétés français "autoproduit".
Sa carrière prend un tournant déterminant dans les années 1960, en grande partie grâce aux émissions de variétés de Maritie et Gilbert Carpentier, dans lequelles il interprète des chansons humoristiques qui le consacreront comme chanteur populaire : Faut rigoler, Zorro est arrivé, Juanita Banana, Le travail c'est la santé, etc. Il obtient même, en première partie de soirée, sa propre émission intitulée « Salves d'Or », qui connaîtra plusieurs éditions. En 1961, il obtient un très fort succès lors d'un passage de 12 semaines à la télévision italienne. Il décide alors de ne se consacrer qu'à la télé. Mais dès 1962, Henri et Jacqueline fondent leur propre maison d'édition musicale. Leur premier succès est "Le Lion est mort ce soir"
En 1971, les studios Walt Disney se joignent à Henri Salvador pour lancer la chanson "Les Aristochats", chanson inspirée du dessin animé sorti en 1968. Salvador, qui a enregistré ce titre seul dans un studio improvisé chez lui, obtient pour cette performance, le prix de l'Académie Charles Cros.
En 1975, il participe au conte musical Émilie Jolie, écrit par Philippe Chatel, dans lequel il incarne le conteur et interprète trois chansons, dont l'une avec Françoise Hardy et Émilie Chatel. Après la mort de son épouse Jacqueline survenue en 1976, Henri Salvador se remarie en mai 1986 avec Sabine Elysabeth Marie-Chantal. En décembre 1987, La SACEM (Société des Auteurs-Compositeurs) lui décerne le grand prix de l'humour. Un an plus tard, en octobre, le Président François Mitterrand le nomme Chevalier de la Légion d'honneur. L'année 1988, se clôt pour Henri Salvador par un nouveau show télévisé sur TF1 et dans lequel sont invités de grandes stars internationales telles Al Jarreau ou Tom Jones.
Henri Salvador - Petit Lapin
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Mais le chanteur, joueur de pétanque de haut niveau, est alors considéré comme super-ringard. En 1992, Henri Salvador revient à sa première passion, le jazz, et donne des récitals dans les clubs de jazz parisiens. C'est à New York que Henri Salvador enregistre en 1994 un nouvel album, "Monsieur Henri", qui sort sur le label Tristar de Sony Music. Entouré d'excellents musiciens américains, Salvador renoue sur ce disque avec ses racines, le blues. Les textes sont signés de noms tels que Boris Bergman, Jean-Claude Vannier, Gérard Presgurvic mais aussi des amis disparus tels Bernard Dimay ou Boris Vian. Il reprend même le célébrissime "Layla" d'Eric Clapton.
Tantôt poète tantôt humoriste au rire bien connu, Henri Salvador a toute sa vie pris le parti d'allier swing et bonne humeur. Lors de la cérémonie des Victoires de la Musique 1996, à 79 ans, il donne une nouvelle fois la preuve de son professionnalisme et de son enthousiasme en réalisant un mémorable duo avec le chanteur américain, Ray Charles.
Après quelques années de silence, de pétanque et de farniente, Henri Salvador revient au fronton de l'actualité en 2000 avec un album qui remporte un énorme succès, fort mérité. Entouré d'une équipe toute nouvelle et très jeune, il enregistre "Chambre avec vue", treize titres au charme brésilien. Grâce à son directeur artistique, Marc Domenico, Henri découvre les musiques et les textes d'auteurs tels Keren Ann, Art Mengo,Thomas Dutronc et surtout Benjamin Biolay. La collaboration entre les deux hommes s'envenime quelques temps plus tard. C'est ainsi que le 17 octobre, sort l'album qui en quelques semaines récolte un disque d'or. Le succès critique est général et tout le monde reconnaît la beauté des chansons, des textes et de l'interprétation.
Henri Salvador - C'est Pas La Joie
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Agé de 89 ans, le fringuant Monsieur Salvador décide d'arrêter la scène. C'est le sens du titre qu'il donne au nouvel album qui sort en octobre 2006. "Révérence", enregistré en partie à Rio de Janeiro, sous la houlette du grand arrangeur Jaques Morelenbaum est un disque au sonorités bossa nova. "Cherche la rose" est un duo avec le chanteur brésilien Caetano Veloso. On retrouve aussi Gilberto Gil sur "Tu sais je vais t'aimer", une reprise de "Eu sei que eu vou te amar" un morceau de Tom Jobim adapté en français par Georges Moustaki. Le crooner français rend hommage sur cet album à l'écrivain Françoise Sagan ("Mourir à Honfleur") en même temps qu'à Ray Charles avec "Alleluia ! je l'ai dans la peau", une reprise en français d'un titre du musicien américain. Entre triste nostalgie et rythm'n'blues clinquant, Henri Salvador fait avec "Révérence" le grand écart artistique, exercice qu'il connaît parfaitement.
Il fut parolier pour de nombreux artistes, notamment pour Régine, Sheila. Il a fait connaître au grand public Art Mengo et Keren Ann. Le dernier album en date remonte à fin octobre 2006 intitulé 'Révérence.
Le photographe Jean-Marie Périer a révélé qu'il était le fils d'Henri Salvador.
Henri Salvador s'est également prêté au doublage de films d'animation, en prêtant sa voix en 1990 au crabe Sébastien dans La Petite Sirène, des Studios Disney. En 2006, à l'occasion de la sortie dvd du film, il réenregistra également les dialogues de sa suite, La Petite Sirène 2 : Retour à l'océan, dialogues confiés à un autre comédien sur la version originale de 2000.
Henri Salvador mit fin à sa carrière active lors d'un dernier spectacle donné au Palais des congrès de Paris le 21 décembre 2007. Il décéda peu de temps après, le 13 février 2008.
Avec Gilberto Gil
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Extrait d'une interview donnée en mars 2003:
H.S. Michel Legrand, je n’aimais pas tellement… Il n’écoutait pas le chanteur, il donnait l’impression de vouloir vous écraser avec la puissance de ses cuivres… Cela dit, c’est un grand compositeur et un merveilleux arrangeur !
Au cours de votre longue carrière vous allez rencontré beaucoup de grands jazzmen américains, lequels vous a le plus marqué ?
H.S. Je crois bien que c’est Count Basie, c’est le swing incarné ! Mais j’en admire beaucoup d’autres : Errol Garner, Charlie Parker, Lester Young, Quincy Jones, Ray Charles, Miles Davis.
Et Coltrane ?
H.S.J’aime pas Coltrane.
Vos chanteurs de jazz préférés ?
H.S. Pour moi les deux plus grands sont Frank Sinatra et Nat King Cole. Il m’a beaucoup influencé.
Et Diana Krall ?
H.S. C’est froid, ça ne swingue pas !
Dans les années 55 vous avez introduit le rock & roll en France avec votre grand ami Boris Vian.
H.S. C’est sur les conseils de Michel Legrand qui revenait des Etats-Unis, que nous nous sommes lancés dans cette aventure musicale qui marchait très fort aux USA… En réalité je déteste le rock ! C’est de la m… ! C’est du mauvais jazz !
Votre avis sur le rap et la techno ?
H.S. Tu te les mets dans la poche et tu te barres avec !
Avez-vous une définition du jazz ?
H.S. Je ne suis pas compétent pour répondre à cette question. Mais j’aimerais dissiper un malentendu. On essaie de nos faire croire que la langue française est inadaptée aux rythmes des musiques actuelles — contrairement à la langue américaine. C’est faux ! la langue française peut swinguer ! La meilleure preuve, les "double six" des années 60, la meilleure formation vocale de jazz français. Moi, quand je chante j’essaie de jouer comme le saxophoniste Lester Young, je caresse l’oreille, j’essaye de placer les accents aux meilleurs endroits, mettre en valeur les syllabes… Bref de swinguer il y a trop de chanteurs qui hurlent aujourd’hui. Beugler n’est pas chanter !
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