Après "Monstrueuse Normalité" il y a 3 ans (LifeLive/La Baleine), le groupe tourangeau nous présente, sous l'aile cette fois ci de Jarring Effects, "The Robot and the Chinese Shrimp".
Depuis 2003, Fumuj nourrit un univers artistique envoûtant. Fumuj qui tourne la page du dub sur cet album dévoile ses ambitions de dynamiter toutes les musiques actuelles pour réinventer le style de la fusion avec leur crossover parfait de rock hip hop conjugué à l’electro dub. The Robot and the Chinese Shrimp est une grande perle de l'électro-dub mondiale . Un deuxième album bâti par un trio agrandi d’un MC et d’un claviériste en moins d’un an, témoignage d’une soixantaine de concerts passés depuis la sortie de Monstrueuse Normalité, le premier album. On peut toujours être étonné quand on aborde un album d'un groupe étiqueté Dub et de se retrouver plongé dans un opus plutôt electro.
La versatilité de Fumuj se décline dans ses multi facettes, faisant invariablement penser à des groupes comme Prefuse 73 ou même the Streets dans la démarche. Mais si ces petites "bullettes" aux consonances électriques et "hiphopé" sont très agréables à écouter, on se retrouve plongé avec délectation dans les premières heures de groupe comme SoulWax, période disco mobile, les Beastie Boys, voir même de Ninja Tunes à ses belles heures…Et puis arrive le bon gros Dub "Full of Entertaiment", et l’on se dit (ou on se re-dit) "Waouh, ça tabasse quand même quand l'electro rencontre le Dubwize", la France a dessiné les contours de l'ElectroDub avec High Tone, Ez3kiel ou d'autres Lab° et voici la relève. En effet, la multiplicité des influences permet a Fumuj de décaler son discours dans une écriture plus personnelle que "j'arrive après les premiers cités". On continue ensuite dans des ambiances bien travaillées pour retomber après 2 morceaux sur le "17 or 18 I guess » pur roots dub bien lourd et bien efficace avec son ouverture plus mélodique et son skank lourd contrastant la fibre de ses violons. Les morceaux de l'album sont plutôt variés et les voix sont bien calées sur les différentes ambiances de chaque morceau : il y a du flow et ça balance pas mal pour tenir la comparaison avec les groupes plus hip-hop ou plus influencés par les scènes susnommées. C'est une invitation au voyage dans un monde aussi urbain qu'organique, comme un pas jeté vers l'inconnu pour éveiller les sens quand les yeux se ferment. A coup de collages électroniques sur une machine aux aspérités funk-rock galopantes, Fumuj sait surprendre en s'émancipant des lignes introspectives de ses compositions pour s'aventurer sur la dancefloor moderne, restant créatif avant tout.
Bon, les dents, on les perd dès les deux premiers titres, qui résument à eux seuls ce que l'on peut trouver dans ce Fumuj. Avec Killers, on vérifie si un incendie n'est pas en train de se propager dans la pièce tant le tout sent le souffre. Phrasé Hip-hop sur hurlements électroniques, ligne de guitare imparable, cordes orientales virevoltantes dans vos tympans, et montée finale superbe, avec une dernière estocade verbale qui marquerait n'importe quelle personne pendant un mois, tant le tout est évident, à le hurler tous les matins dans sa douche en foutant de l'eau partout. We Live In ? Mon dieu, We Live In... Les 30 premières secondes crachent sûrement l'une des meilleures boucles que l'on puisse croiser sur un disque Jarring Effects depuis 8 ans. C'est crade, ça groove, ça tabasse, bref, ça file l'envie de danser en se roulant dans un amas de cadavre. Les couplets sont dantesques, les refrains sont dantesques, et le tout forme un tube imparable rongé par la gangrène, le morceau que tout le monde rêverait d'entendre à la radio dans un monde parallèle. La conclusion, envoyant le titre dans des sphères planantes, sublimes, avec cette nappe cristalline enveloppant le tout, permet de contraster de la meilleur des façons avec la rage du début. Plus loin, Fuck s'apparentera à la plus grosse claque du disque avec We Live In, en poussant toutes les jauges au maximum. Lyrics limpides et cathartiques, jetées en pâture à un tsunami de saturations, frôlant le gros métal, une révolte concentrée sur 3 minutes, explosion graduelle qui atteint son paroxysme sans crier gare. On peine à imaginer la folie que doit engendrer ce titre en concert. A transformer de gentils spectateurs d'opérettes en manifestants anarchistes.
Avec un grosse base hip-hop -anglophone-, les cinq bonshommes de Fumuj changent de registre avec aisance, du dub cuivré ensoleillé ("17 or 18 I Guess") à un époustouflant rap métallique et industriel sans oublier les incartades funky de "Play My Fucking Shit" et l'instrumentale très noisy rock "Hangsdog Expression". Les riffs de guitares savent se faire discrets mais essentiels au beau milieu de ces brûlots alimentées aux beats claquants, samples exotiques et autres basses sonorités saturées. Un excellent melting pot, varié et maîtrisé, qui décrasse l'ouïe et enclenche le mode "mouvement automatique" du corps humain.
Si vos oreilles averties avaient déjà été chatouillées par le savant mélange
musical de “Monstreuse Normalité”, sorti en 2005, elles ne pourront qu’être
irresistiblement émoustillées par les morceaux percutants que vous réserve ce
nouvel album “The Robot and The Chinese Shrimp”.
Attention, les amateurs de dub nonchalant risquent d’être un peu bousculés par
les changements judicieusement orchestrés par le groupe... Ouverte, revendicative, teigneuse, énergique, variée, hip-hop, rock, dub, fusion, électronique, bandante... Ça fait trop d'adjectifs pour qualifier la musique de Fumuj . Une seule envie subsiste à l'écoute de cet album. Voir le groupe en Live. Au plus vite. Monstrueux....
(merci a Dat' de http://www.krinein.com/ pour les emprunts a son humour....)
FUMUJ : The Robot and The Chinese Shrimp ( Jarring Effects / Discograph )
http://jarringeffects.net/
http://www.myspace.com/fumuj
lundi 14 avril 2008
FUMUJ : The Robot and The Chinese Shrimp (Prononcez "fou"-"mouge")
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