vendredi 30 mai 2008

Nouveaux ou a venir

Vivons tout nus avec Sigur Rós



Attention ça va aller très vite. A l’heure où vous lirez cet article la vidéo ne sera peut-être déjà plus disponible. Car le groupe islandais Sigur Rós surprend avec son nouveau clip Gobbledigook, dans lequel tout le monde est nu et communie avec la nature (oui, c’est beau). On se doute que les sites de partage de vidéos vont être submergés de demandes de censure, sachant que même le compte Youtube officiel du groupe n’a pas pu poster son clip. Pas la peine d’essayer de se réfugier derrière l’expression artistique… Sinon fort heureusement, le clip est visible sur le site officiel du groupe (encore heureux). N’hésitez pas à poster des liens où la vidéo est disponible, histoire de voir qui sont les sites courageux… Il y a aussi Facebook pour le moment : http://www.facebook.com/video/video.php?v=20013278377
Les Islandais de Sigur Ros ont inventé un rock expérimental complètement singulier.
Après un premier album, "Von", sorti en 1997, Jon Thor Birgisson (guitare, chant), Georg Holm (basse) et Agust (batterie) publient "Agoetis Byrjun" en 1999. Ethéréé, spatiale et spéciale, la musique de Sigur Ros traverse les frontières et reçoit la possibilité de jouer en première partie de la tournée de Radiohead en 2001 ainsi que de celle de Godspeed You! Black Emperor.

En 2002, Sigur Ros sort "( )", album qui a la particularité d'être chanté envolenska, une "langue" inventée par Birgisson, proche de l'islandais au niveau phonique, mais dénuée de sens. Les séries signifiantes sont à découvrir dans une lecture sonore propre à l'auditeur. Plus brut, difficilement accessible, cet album d'ambiances rock et electro se vend néanmoins particulièrement bien dans le monde, notamment aux Etats-Unis et en Angleterre. En 2005, le groupe revient avec "Takk...", suivi de "Hvarf - Heim" en 2007.
Une musique novatrice et planante au lyrisme froid : le frisson Sigur Ros
Les islandais viennent d'annoncer la sortie de leur cinquième album pour le 23 juin 2008 ("Með suð i eyrum við spilum endalaust" qui pourrait apparemment se traduire par "Avec ce bourdonnement dans nos oreilles, nous jouerons éternellement")
"Gobbledigook" en est le premier extrait (downloadable gratuitement sur leur site).


Sigur Ros - Gobbledigook réalisé par Arni & Kinski (si la video a été censurée, allez ici : http://www.sigurros.com/dvd3.asp___________________________
Rythmes tribaux, chant aérien, guitare acoustique... ce titre ressemble à une promenade en terre d'innocence... avec des références évidentes à piocher du coté d'ANIMAL COLLECTIVE.

Vous pouvez en ce moment télécharger ce morceau gratuitement sur le site de Sigur Ros. Sigur Rós sera en concert le 6 juillet à Arras (62) et le 15 août à Saint-Malo (35)

http://www.myspace.com/sigurros

http://nybatteri.free.fr/

http://www.sigur-ros.co.uk/




Ratatat (touille) - LP3 nouvel album



Ratatat est un duo New-Yorkais composé de Mike Stroud (guitariste) et d'Evan Mast (multi-instrumentiste) qui se spécialise dans le rock instrumental. Ratatat, c'est surtout un numéro incongru qui tranche dans le circuit rock actuel, où tant de groupes guitare/basse/voix interchangeables sont bien rangés dans leur petite case. Enfin... rock ? Pas si sûr. À l'instar de Tv On The Radio et son génialissime Wolf like me, le groupe résulte plutôt de la fusion de rock et du hip hop (avec en plus une touche de synthé et d'effets), une sorte de kaléidoscope stylistique où toutes les influences diverses et variées se mélangent pour nous livrer des morceaux psychédéliques à tendance électronique. Rien de bien compliqué pourtant, les accords sont relativement simples et peu nombreux, les riffs souvent saturés, et les effets sûrement issus de processeurs et autres ordinateurs... Bien que Ratatat soit ancré dans la communauté rock, on pense parfois au Daft Punk en pleine crise de copier-coller à l'époque de Discovery.
La première qualité de Ratatat est donc de ne ressembler à rien de connu (ou éventuellement à l'hurluberlu japonais Zongamin ­ mais comme il n'est lui-même pas très célèbre, cela ne compte pas). C'est aussi un groupe sans chanteur, ce qui est pour le moins original, le rock instrumental, contrairement à la techno, au jazz ou au hip-hop, n'étant plus si fréquent depuis la fin des années 60, la dissolution des Shadows et la triste mort de Link Wray. Quant aux groupes de musique ambiantale, brièvement regroupés sous la bannière «postrock» (Tortoise, Godspeed...) à la fin des années 90, certes ils ne nourrissaient pas non plus de chanteur en leur rang, mais les airs solaires et fanfarons de Ratatat ne sauraient leur être rattachés. Un titre comme Tropicana évoquant bien plus le monde enchanté de la pop psychédélique expérimentée par les Beatles aux cours des années 60 que celui des groupes dépressifs nés après la mort du grunge.
De toute manière, est-il possible de ranger Ratatat dans une quelconque famille, hormis celle, chaque jour plus importante (Herman Düne, Grandaddy, Sebastien Tellier, Arab Strap, TV on the Radio...), des hurluberlus à barbe de trois jours ?
Le prochain album de Ratatat va être disponible le 8 juillet et il va s’intituler “LP3“. Ils avaient déjà sorti le simple Shiller et voici que le second simple Mirando pointe le bout de son nez en vidéo.

Ratatat - Mirando
____________

http://www.ratatatmusic.com

http://www.myspace.com/ratatatmusic


Joseph Arthur - Lonely Astronaut (new song)


Que peut-on attendre de Joseph Arthur en 2008 ? A l’écoute de son précédent album, "Let’s Just Be", on a envie de répondre : pas grand-chose… Mais voilà, le songwriter est productif et alors que son prochain disque "All You Need Is Nothing" se profile à l’horizon pour le mois d’août, Joseph Arthur nous propose une série de trois EPs plutôt bien garnis. "Could We Survive" est le premier d’entre eux.

Lonely Astronaut est un nouveau et excellent morceau du grand Joseph Arthur diffusé sur son blog et sa page MySpace.
Quant à l'album, All You Need Is Nothing, il devrait être disponible le 5 août.


http://www.josepharthur.com/

http://www.myspace.com/josepharthur



Phoenix renait

Les Phoenix viennent de produire un nouveau morceau gratuit pour soutenir l'association "Action Contre La Faim". Le morceau n'est pas transcendant mais il permet de nous faire patienter jusqu'à la sortie du nouvel album du groupe cette année.
4 ans après leur envol "United', les petits frenchy ont fait parler d'eux, toujours associés à cette image (devenue fréquente ces derniers temps) "Versailles-Air-Coppola Connection", d'où ils puisent leur Source.


Phoenix Twenty-one one zero Preview
______________________

http://www.wearephoenix.com/

John Zorn/Lou Reed/Laurie Anderson - The Stone : Issue Three


Né à New York en 1953, John Zorn a joué de plusieurs types d'instruments avant d'étudier le saxophone et la composition à l'Université de Webster à St-Louis au début des années 70. Musicien-compositeur-producteur, enfant terrible de la musique américaine postmoderne, il est devenu un des artistes les plus influents de « l'avant-garde ». Il a composé de nombreuses ouvres explorant une grande variété de genres parmi lesquels le jazz, le rock, le punk, la musique classique, l'improvisation sans oublier la musique de films.
Vers la fin des années 80, il fonde le groupe Naked City composé de Bill Frisell à la guitare, Fred Frith à la basse, Wayne Horvitz au clavier, Joy Baron aux percussions et Yamatsuka Eye pour la partie vocale. Dès les premiers enregistrements du groupe légendaire fondé par Zorn, la transgression des genres atteint de nouveaux sommets. En 1991, il forme un autre célèbre groupe de jazz expérimental, Painkiller, avec Mick Harris et Bill Laswell.

Dans les années 90, il fonde Tzadik dont le premier grand coup a été la publication des 10 disques réalisés en studio de son quartette Masada, son grand projet de recherche sur l'identité culturelle juive. Le groupe Masada formé principalement autour de Joy Baron (batterie), Greg Cohen (basse) et Dave Douglas (trompette) a pour objectif de transfigurer le klezmer en « culture juive
radicale ». Une musique exploratoire où le klezmer de ses racines juives se conjugue au free-jazz.

En 30 ans de carrière, John Zorn est toujours demeuré fidèle à une démarche sans concession. Malgré son statut de musicien touche-à-tout, il a su garder la ligne dure. Le Festival international de musique de Victoriaville l'a invité à 12 reprises depuis 1988 avec des formations de tout acabit. Zorn voyage et joue régulièrement sur scène, avec son groupe ou d'autres collaborateurs, aux États-Unis, au Japon et en Europe

Troisième épisode discographique d’un projet conçu pour subvenir au fonctionnement du Stone, le club de la scène downtown new-yorkaise dirigé par John Zorn, The Stone : Issue Three réunit aux côtés du prolifique saxophoniste, Lou Reed (guitare électrique) et Laurie Anderson (violon et machines), pour un concert avant-gardiste enregistré en comité réduit. Un set sobrement décomposé pour le besoin du disque en trois parties, elles-mêmes subdivisées en plusieurs mouvements au gré des improvisations mutuelles.
Ce troisième volume documente les frasques improvisatoires de ZORN et du couple REED / ANDERSON du 10 janvier 2008 pour trois sets qui, vu l'exiguïté du lieu et la renommée des intervenants, affichèrent complet longtemps à l'avance. Ici trois extraits sulfureux : un violon contemporain, un saxophone déchiré entre les slaps et les squeaks, et une guitare rageuse et saturée. Soit le son d'un New York transgénérationnel - le type même de rencontres qu'on n'aurait osé imaginer ! -, recouvrant un demi-siècle d'expérimentations et dont le génie et la subversivité en scellent à jamais le propos. Malaxée au son des instruments, 48 minutes durant, la matière musicale bouillonnante de The Stone : Issue Three met la frousse, subjugue, ravit, déroute, place l’auditeur au cœur d’un no man’s land musical subversif, qui n’est rien d’autre que la création à l’état pur.

Acoustic Masada (2006) - Tharsis
____________________

Album : John Zorn/Lou Reed/Laurie Anderson - The Stone : Issue Three - label Orkhêstra TZ 0004 - 2008

http://www.tzadik.com

Sébastien Tellier - Divine - Eurovision & la polimique de la langue


C'est la Russie qui a remporté le 53e concours de l'Eurovision. Le candidat français, Sébastien Tellier, se retrouve dans les limbes du classement (18e sur 25, ex aequo avec la Suède). L'interprète de "Divine" a été desservi par une réalisation catastrophique, qui a été incapable de correctement filmer sa mise en scène décalée (une arrivée en voiturette de golf, notamment).


Sebastien Tellier - Eurovision 2008 [Divine] France
_____________________
C’est Sebastien Tellier, chanteur electro-pop au penchant avéré pour les costumes couleur crème, à la croisée entre Chabal et Raël, qui nous a représenté, après avoir emporté l’investiture lors du traditionnel concours télévisé de sélection sur France 3. La chanson choisie, Divine, est une petite bombe joyeuse très electro-pop justement (voir le clip ci-dessus). Mais quand on constate qu’en face, on a un Chikilicuatre Espagnol, voire Dustin, une dinde qui braille sur de la techno pour représenter l’Irlande (je ne plaisante pas…), on est quand même en droit de se demander qu’est ce que Tellier est allé foutre dans ce bourbier… On peut imaginer que le côté kitch du programme couplé à la mission divine (je sais…) de représenter la France devant l’Europe des ménagères de moins de 50 ans, ont su exciter le bonhomme, peut-être en mal de reconnaissance par le grand public en France…
Enfin, toujours est-il qu’en terme de visibilité au moins, il en aura tiré quelque chose. Car, ce qu’il y a de bien en France, c’est que lorsqu’il s’agit de musique, on a toujours un député UMP pour la ramener. On avait eu François Grosdidier, qui avait eu la brillantissime idée au lendemain des émeutes de l’automne 2005, de présenter un texte de loi visant à condamner des rappeurs comme Monsieur R, ou des groupes comme 113, Lunatic ou encore Minister Amer (tous deux déjà dissous à l’époque, trop fort le Grosdidier) pour certains propos amers envers la France allant même jusqu’à dire de ceux-ci “cela conditionne et c’est ce qui fait passer à l’acte”. On en rigole encore… Cette fois, le problème est de nature différente pour François-Michel Gonnot qui se plaint comme c’est pas permis:
“Nombre de sociétés imposent l’anglais comme langue de travail à la place du français, la Commission européenne vient de supprimer le français de ses publications statistiques, et le summum vient d’être atteint avec le 53 ème concours Eurovision de la chanson où notre pays sera représenté par une chanson …en langue anglaise, « Divine », du chanteur français Sébastien Tellier”
Franchement on croit rêver… On a donc des députés qui n’ont rien d’autre à foutre que de se pencher sur le fait que la chanson qui représentera la France sera interprétée en anglais. Alors oui, c’est une première pour la France… Et alors? Même si ce n’était pas du tout le but, on peut au moins arguer que pour une fois, on aurait fait un effort pour se faire comprendre par nos voisins. Et puis dans le fond, en français, en anglais ou en moldave, faut pas déconner, il n’y a rien de gratifiant à gagner l’Eurovision… Enfin, toujours est-il qu’au final, les Anglais se foutent bien de notre tronche, car comme le souligne Henry Samuel, le correspond du journal anglais The Telegraph :
“Divine aura provoqué la controverse dans un pays sensible en ce qui concerne l’empiétement de la culture anglo-américaine sur sa langue et son art”
Mais le plus notable, est ce qui se passe au sein même de la scène musicale française, comme le souligne Sébastien Davet, dans un article tres instructif (Le Monde, 13 avril 2008) : « […] c’est un fait : le rock français chante de plus en plus et de mieux en mieux en anglais. » Davet nous cite quelques artistes sans complexes : « The Do, Cocoon, Moriarty, Syd Matters, HushPuppies, Soko, Fancy... » et ceux qui avaient ouvert la voie avec la french touch techno (Daft Punk, Air, David Guetta, Justice ou Martin Solveig) .

The Do
______
Le fait est que si The Do, Scenario Rock (précurseurs de fusion disco-électro–rock) ou Solveig font une carrière internationale, c’est parce qu’ils chantent en anglais et que si des groupes géniaux et innovants comme Noir Désir ne sont connus que dans quelques pays limitrophes (Litfiba en Italie s’était inspiré du style des Bordelais) et que par quelques fans du genre, c’est parce qu’ils chantaient plutôt en français.
Bon, que des groupes chantent en anglais, ce n’est pas nouveau ni honteux en soi, mais c’est surtout un certain état d’esprit qui est nouveau. Ecoutez plutôt, toujours tiré de l’article de Davet : «[…] Pas simple pourtant pour ce type d’artistes de s’imposer, alors que des quotas de 40 % de chansons francophones sont imposés, depuis 1986, dans les radios en France. « Nous rentrons en concurrence avec tout le répertoire anglo-saxon, regrette-t-il. Cela nous ferme presque totalement les portes des radios.» […]». Encore un peu et on sortirait nos mouchoirs. On croit vraiment rêver ! La langue française est menacée jusque dans son fief et on regrette les quotas ! Mais heureusement que ces quotas existent. Sinon, on en serait à la situation qui prévaut en Belgique, où aucun groupe de rock digne de ce nom ne chante plus dans sa langue natale (dEUS, Hoverphonics et Girls in Hawaii pour les plus connus).

www.myspace.com/telliersebastien

www.sebastientellier.com/