samedi 8 décembre 2007

Yacht: la croisière s’amuse


Sous le nom de Yacht (Young Americans Challenging High Technology) se
cache Jona Bechtolt. Originaire de Portland, Jona est batteur de formation.
il a participé aux albums de Bobby Birdman, The Blow, Thanksgiving, The
Microphones / Mount Eerie, Jason Anderson, Wolf Colonel, Dear Nora, Mirah,
Little Wings et Devendra Banhart, qu’il accompagne en tournée… Sous le nom
de Yacht, Jona produit une electro pop résolument tournée vers la danse et
se lance dans une expérience quasi chamanique… Le buzz autour de son
dernier album Your Magic is real, i believe in You lui a valu d’accompagner LCD Soundsystem aux uSA. Sur scene, une fois la musique lancée, Yacht danse, saute, se désarticule comme il n'est pas permis, mime les instruments. Au deuxième titre, il ne lui reste plus que le t-shirt et une dose inépuisée d'énergie.Rien qu'à le regarder on se déshydrate.



James Murphy, de LCD Soundsystem, affirme que le jeune Américain “sent très bon et que ses chansons ne sont pas mal non plus” et le magazine Vibe l’a décrit comme le “Timbaland de l’indie-rock
Ce disque, "I Believe In You. Your Magic Is Real", ressemble furieusement à une de ces home-tapes où l’on mettrait toute sa discothèque, toute sa foi, on croise enchevêtrés et à peine reconnaissables des fragments de rock lo-fi déglingué, de hip-hop mutant, de pop destructurée, de folk dévié, de r’n’b souillé ou d’electro haute tension. Le tout, parfois (souvent) à l’intérieur d’une même chanson. Yacht est résolument plus un rafiot pirate qu’un paquebot de plaisance, mélangeant des époques et des ambiances a priori inconciliables – imaginez Prince chantant Devendra Banhart ou Justin Timberlake du rock grunge et déglingué. Généralement, ce genre de mariages contre-nature étaient l’apanage de quelques DJ malicieux et érudits – on pense notamment aux Avalanches ou à Ratatat. Mais là, avec son ordinateur facétieux, ses séquences lascives, ses rimes enfantines et ses beats béats, Jona Bechtolt, 26 ans, est à la fois le cobaye et le professeur fou, la chair à canon et le canon. Seul maître à bord(el), Yacht n’a qu’un but : que la croisière s’amuse.





LP: YACHT - I Believe In You. Your Magic Is Real
Label : Err - Distributeur : SRD



http://www.myspace.com/yacht
http://www.teamyacht.com/

Tusia Beridze alias TBA: mystérieuse, sombre et sensuelle à la fois

Natalie Tusia Beridze alias TBA est née en 1979 à Tbilissi en Géorgie (elle vit et travaille aujourd’hui à Cologne). Musicienne à part entière depuis seulement 3 ans, elle est également vidéaste au sein du collectif géorgien « Goslab », auteur de courts-métrages, de clips et compositrice de musiques de jeux vidéo.


La musique de TBA est mystérieuse, sombre et sensuelle à la fois., évoluant dans un univers où se mêlent des références hétéroclites formant une mixture fantasque entre différentes cultures.

Son éducation musicale s‘est faite à partir de nombreuses et différentes influences : The Smiths, Lou Reed, Weather Report, David Bowie, Cocteau Twins, Björk, Aphes Twin, Squarepusher, Stravinsky, Prokofiev, Chostakovitch, Jeff Mills, Autechre, Kraftwerk, de la musique folklorique géorgienne et beaucoup d’autres encore. Cette variété de styles est à la source même des origines de la création de l’album éponyme, TBA (Max Ernst) composé de séquences entre l’influence de différentes cultures, à la frontière entre Asie, Russie et Occident. Tusia a grandit sous plusieurs influences, elle est devenue, en fait, une espèce de mixture irrégulière et en même temps logique de Georgien, Russe et Européenne occidentale.

T.Beridze sort 2 albums a quelques jours d'intervalles. "The Other" parait apres la sortie d'un double album intitulé "Size and Tears", versant plus experimental d'une artiste accomplie. Elle distille ses petites chansons électroniques sans nous donner l’impression de se fatiguer outre mesure. Cela coule de source comme un petit clapotis qui ne ferait de mal à personne. On se laisse porter sans trop faire d’effort et on se surprend à y prendre goût. Composée de sonorités intimes et subtiles, où se mélangent voix et mélodies minimalistes, la musique de TBA attire l’auditeur dans une sorte de voyage cérébral où se mêlent de façon étonnante, harmonies célestes, voix susurrées quasi monotones et cliquetis rythmiques discrets. Comme une bande-son des mutations politiques et sociales en Géorgie.





TBA AKA TUSIA BERIDZE - THE OTHER (ALBUM)
CD Max Ernst 20026152 / EAN 0881390261529

TBA/Natalie Beridze - Size and Tears (album x 2)
CD Max Ernst 20026142 / EAN 0881390261420


http://www.max-ernst.de/

Oh No Ono : pingouins cartoonesques



Peut etre imaginez vous la musique comme un retour vers votre enfance. Oh No Ono est fait pour vous. Il y a du Bowie façon Ziggy Stardust, du l'elasticite de Devo, les egarements d'XTC et de Talking Heads, les syncopes kitsch de Prince, le tout avec un coté FM 80' façon Duran Duran epousnt B52'. Car la pop tarabiscotée des Danois de Oh No Ono atteint parfois des niveaux de joyeux bordel assez diabolique : les rythmes, frénétiques, semblent générés par les créateurs de Super Mario Kart, la voix de Malthe Fischer ressemble à celle d’un lapin Duracell sous hélium, et les synthés sortent tout droit de pornos japonais des années 80.

"Yes", le premier album, pousse le délirium tremens au maximum. Cinq européens du nord foutent une branlée littérale à la musique de masse avec des voix sous hélium à faire passer les Scissor Sisters pour des hétéros beaufs impuissants. Avec leur choucroute permanentée et leur son irrévérencieux, les musiciens de Oh No Ono forment un groupe qui sera toujours considéré comme "bizarroïde". Depuis qu'il a fait irruption sur la scène musicale en 2005 avec son EP au titre déconcertant Now You Know Oh No Ono, ce groupe d'innovateurs à la chevelure bouclée se forge la réputation d'être l'une des spécialités les plus savoureuses et extravagantes que le Danemark nous ait offertes. Des amoureux de pop kleenex qui ont dit non à Ono Yoko.

Oh no Ono semble avoir tout compris, dès la première bouchée de "The Shock Of The Real", tube entêtant et débilissime, corps et esprit entrent en conflit : il est évident que tout cela se finira au-dessus des toilettes, avec un(e) bon(nne) ami(e) pour vous relever les cheveux, mais comment empêcher votre tête de dodeliner sur quelque chose d’aussi imparable, à mi-chemin entre Kate Bush et Supergrass possedé par l'ame de Freddie Mercury ? La suite est à l’avenant, mêlant le déconstructivisme de Fiery Furnaces qui en auraient assez d’exhiber leurs diplômes ou les géniales entourloupes mélodiques d’un Of Montreal.




Cet album leur a permis de récolter aux Danish Music Awards les titres de Meilleur groupe et de Meilleure révélation, et leur a apporté une reconnaissance internationale. L'hebdomadaire musical britannique NME a ainsi déclaré qu'Oh No Ono représente "une des choses les plus intéressantes entendues depuis des lustres". Durant l'été 2007, le groupe a effectué une tournée en Scandinavie. Pour notre plus grand bonheur, ce son "bizarroïde" fait route vers le sud et va bientôt débarquer chez nous…


Oh No Ono - «Yes»
Third Side Records



http://www.ohnoono.com/

Fannystatic : Des chansons au rose froissé





Attention, la nouvelle Brigitte Fontaine arrive ! C’est encore une fois de Rennes, véritable vivier d’artistes, que nous vient cette personnalité hors du commun. Une brunette toute en boucles et au tempérament flamboyant. Elle joue de sa voix, tantôt grave tantôt suraiguë, pour nous raconter des tranches de vie tour à tour mélancoliques (le fantôme d’une amoureuse abandonnée (« La mariée »), burlesque (« Lourde »), pathétique de machisme (« Fantastique »), esseulée (« Amoureux solitaires »), ou sensuelle (« Craquement »). Une rencontre banale dans un square, peut-être prélude à un très bel amour (« Avec joie») avec cette réplique extraordinaire de drôlerie et évocatrice d’un divorce à mots couverts: « Vous avez des enfants ? - Pas tellement en ce moment.»



Des chansons au rose froissé, à l’humour parfois noir et grinçant, mais dans lesquelles pointe toujours du bleuté. La palette de Fannytastic est colorée et généreuse, à l’image de ses belles prestations scéniques. Entourée de deux brillants complices, au diapason de son univers foisonnant, Fannytastic ose des voix surprenantes, croise des mélodies limpides avec des sonorités et rythmes pop-rock toujours inventifs. Du grand art.
Après des années d’apprentissage du piano classique, Fanny Cheriaux explore l’accordéon pour jouer dans la rue et les cafés-concerts. Elle écrit alors ses premières chansons, prend le nom d’artiste « Fannytastic » et s’entoure de musiciens. Soutenue dès ses débuts par La Tordue et Thomas Fersen, dont elle fait les premières parties, Fannytastic sort son premier album "Lalala" en mars 2005. L’album reçoit un excellent accueil du public qui s'enthousiasme pour cette jeune chanteuse espiègle et son univers pop romantique.



Fannytastic arrive aujourd’hui à maturité, maîtrisant parfaitement la scène, seule au piano ou entourée de musiciens exceptionnels avec qui elle partage une vraie complicité artistique. L’arrivée de Régïs Boulard, batteur rock-jazz rennais de premier plan, permet à Fanny, toujours accompagnée de Louis Soler (guitare/basse) et d'une section de cuivres, de donner une énergie nouvelle et une personnalité singulière et originale à son répertoire. Cette évolution est récompensée par le jury de la Fondation Lagardère en octobre 2006, qui l’a désignée à l’unanimité lauréate de la Bourse Musicien, et par le Réseau Printemps, qui l’a sélectionnée dans les Découvertes du Printemps de Bourges 2007.

LP: Fannystatic « Plusieurs » / Label/Éditeur : PUDDING
http://www.myspace.com/plusieurs
http://fannytastic.fr/

Little Dragon: Trip Hop Revival


Premier album de la chanteuse de Koop, Little Dragon est un groupe suédois (de Gothenburg) et non japonais, comme sa chanteuse Yukimi Nagano pourrait le laisser penser. Cette ex-vocaliste à la voix très sensuelle et souple a prêté sa voix à pleins de projets electro et jazz, notamment pour le duo Koop ou le groupe Sleepwalker. Quelque part entre Morcheeba et Saint Etienne, flirtant avec l'electronica et le jazz vocal, ce groupe suédois est signé chez Peacefrog Records, label anglais très pointu qui ne cesse de faire découvrir des talents, comme José Gonzalez, l'excellent Findlay Brown ou Klima. La preuve du charme envoûtant de Little Dragon en vidéo, avec Twice, extrait bouleversant de leur premier album éponyme.


Little Dragon s’ouvre comme un conte où les émotions enfantines dessinent le chemin des onze plages que contient ce premier album éponyme. A l’instar de Skye Edwards à l’époque de Morcheeba, la voix de Yukimi Nagano sublime l’univers enchanté du groupe et sème, à grandes brassées d’émotions, une douceur suave enivrante et racoleuse. Décidément, ce trip hop revival alléchant est (re)prometteur. En outre, les auteurs (Yukimi Nagano au chant, Erik Bodin aux tambours, Fredrick Källgren à la basse et Håkan Wirenstrand aux claviers) débarquent d’un pays où le froid fait geler les crottes de nez : la Suède. Ce qui ne les empêche pas de transpirer dans les studios d’enregistrement. Je vous avouerais pour ma part le réflexe à glisser le drapeau jaune et bleu de ce pays dans ma charte de qualité musicale.


Des morceaux comme « No Love », « Recommendation » ou « Test » sont de véritables odes au déhanchement, parsemés de clochettes et batteries enchantées sur une basse glamour. Instrument maître de la galette, les quatre cordes vibrantes magnifient une chanson comme « Forever », par exemple. Elle porte bien son nom, et m’incite à l’écouter inlassablement. Evoluant dans un style à la croisée des chemins de Morcheeba, Everything But The Girl et Massive Attack (au temps de « Blue Lines » avec Shara Nelson) cette première œuvre laisse présager un futur prometteur à leurs auteurs et espérons-le, une suite plus introspective encore de leur univers.




LP: Little Dragon "Little Dragon" / Peacefrog Records