jeudi 17 janvier 2008

Beni Snassen, "Spleen et Idéal", Abd Al Malik en bande organisée

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Le 21 janvier prochain verra arriver dans les bacs le premier album du collectif Beni Snassen signé chez Gilbraltar le label du slammeur/rappeur Abd Al Malik.
Spleen et Idéal est le titre du premier album de Béni Snassen, un collectif hip hop français formé en 2007. Il s'agit du premier projet à sortir sous la bannière du nouveau label Gibraltar, porté par Abd Al Malik puis nourri par la présence de Bi'lin, Wallen, les NAP, Hamcho, Mattéo Falkone et un invité spécial, Ali (Ali est celui qui etait avec Booba dans lunatic..) Béni Snassen, un nom prédestiné pour rendre à la culture rap ses lettres de noblesse.En empruntant leur nom à une confédération tribale légendaire de l’Oriental marocain, ils visent à promouvoir des valeurs chevaleresques telles que le respect, l’honneur et la bravoure, en prônant un hip-hop altruiste et volontairement idéaliste.
Spleen et Idéal a été mixé et arrangé par Renaud Létang, connu pour ses collaborations avec des artistes tels que Feist ou Katerine. A priori, rien ne poussait des artistes aux univers ausi différents qu'Ali, Abd Al Malik ou Wallen à se rencontrer. Pourtant, ils ont en commun une certaine vision, avec d'autres, du rap et du monde. Restait alors à retranscrire tout cela en musique. Si on comprend mieux les raisons de ce regroupement, la question se pose quant à l'organisation du travail. Comment en effet concilier le rap hardcore d'Ali le rnb de Wallen ou la nouvelle voie ouverte par Malik ? Comment des artistes à l'univers si différent se sont-ils réunis ? " A la base", synthétise Wallen, " chacun aime le travail de l'autre. Mais c'est surtout une histoire de relations humaines. Nous nous aprécions en tant que personne. Et puis, nous avons les mêmes critères d'exigence artistique, les mêmes principes d'écriture, le même sens des responsabilités,la même curiosité envers l'autre". ?
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Le premier single, "Spleen et Idéal", est déjà disponible. Les références culturelles affleurent au-delà du titre. Dans "Gibraltar", Abd Al Malik citait Derrida. Ici, c'est l'auteur de "1984" qui est mis en lumière pour dénoncer les barrières dressées par la société et qui s'opposent à l'individu, en particulier dans les cités sensibles : "je regarde à travers la plaine mon HLM. Notre monde n'est-il pas celui de George Orwell ?".
Abd Al Malik a été un vrai coup de coeur pour moi... Son parcours me fascine, sa culture, sa vision de la vie, de la religion, de la politique, du rapport entre les hommes, son héritage de Brel, sa vision de "ces gens là", de l'immigration etc... C'est pas moi, c'est les autres.... Et puis j'avoue qu'il fait, à mes yeux, partis des quelques vrais artistes, de ceux qui apportent une réelle évolution à l'art, par son mélange des genres, entre rap, chanson, hip hop, électro, jazz... Son ouverture permet aussi au rap de se donner une nouvelle image, plus humaniste, loin des grosses chaînes en or et des textes d'une pauvreté affigeante. Alors qu’il prépare la sortie de l’album de Beni Snassen, le 21 janvier, Abd Al Malik élargit encore son horizon artistique. Il collaborera bientôt avec Moby. Le rappeur français a été invité sur le nouvel album du new-yorkais, sur lequel il a écrit un titre, dont il fera les couplets et Moby, le refrain. Ce morceau ne sera disponible que sur la version française de l’album.
Béni Snassen c'est la réconciliation de la forme et du fond, chaque plume et chaque flow, aussi différent qu'ils puissent être les uns des autres, lorsqu'ils se mettent au service de l'un ça n'est jamais au détriment de l'autre. Le collectif desire avant tout retrouver la vocation premiere du hip hop, celle d'etre le porte voix des quartier, celle de faire remonter ce que ressentent les gens des banlieues, sans le bling bling ambiant. A signaler que les revenus de ce disques, en collaboration avec la Fnac, seront reversés a des associations qui luttent contre l'illetrisme, en france. Serais-ce le premier album Hip Hop humaniste?


Beni Snassen Spleen et Idéal (clip officiel)
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Album : Béni Snassen, “Spleen et Idéal” (Gibraltar , Licence exclusive EMI music France)



www.benisnassen.com
http://www.myspace.com/benisnassen

Syd Matters et les fantomes du jour ou la vie melancolique d'une generation

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Syd Matters est un groupe emmené par le musicien français Jonathan Morali. Il est révélé, a 22 ans, par sa victoire aux premier concours CQFD organisé par Les Inrockuptibles.
Son premier album, A Whisper and a Sigh, enregistré durant l'été 2002, sort en 2003. Il a ensuite formé un groupe constitué de quatre musiciens. En avril 2005 sort leur album Someday We Will Foresee Obstacles. Mélange de folk et de pop mélancolique, leur musique marie des mélodies lentes avec des instruments acoustiques sans toutefois renier des racines électroniques. Leur troisième album, intitulé Ghost Days, est sorti hier,14 janvier 2008. Il est plus folk et dépouillé que les précédents.
Il est de ces artistes qui subliment la musique ! Un son qui éveille les fantasmes et l’imagination. Un songwriting toujours élégant, une voix astrale, Jonathan Morali signe son retour d’une plume habile et avisée avec Ghost Days. La magie artisanale de Syd Matters opère pour la troisième fois. Un concept album entre deux mondes. Ghost Days nous plonge - engourdis - dans des abysses colorés où rêves et réalité s’entremêlent au gré des chansons qui défilent les unes après les autres dans une logique impeccable. Cet enchanteur sous intraveineuse pink-floydienne et Nick Drakienne ne cesse de surprendre, avec dans son chapeau, une nouvelle pièce maîtresse de pop cosmique. Avec Ghost Days, on continue de penser que Syd Matters est un grand songwriter et qu’il faudra bien reconnaître un jour son talent à sa juste valeur… Disons le autrement. Syd Matters appartient en effet à cette middle-class européenne en descente. D'où sa mélancolie.
Il avait réalisé la bande originale du film "La Question Humaine", cette fois-ci les fantasmes et les écrans de cinéma ont disparu, laissant le jeune homme en prise directe avec sa vérité. Le propos de « Ghost Days »? «J'ai écrit cet album en exil, seul dans mon appart, totalement déphasé par rapport au monde extérieur. Et je me demandais : quand il ne se passe rien, qu'est-ce qu'il se passe ? Je voulais parler du quotidien, celui de notre génération issue d'une classe moyenne sans histoire.» Car voilà : «Le cliché c'est : pour avoir quelque chose à dire, il faut vivre des choses. Oui, mais quand il ne se passe rien dans la vie, ça vaut aussi le coup d'en parler.»
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Syd Matters propose un opus qui semble plus destiné à un public international. Les influences de Radiohead ne font aussi aucun doute. Le très aérien "I'll Jackson") ressemble fort en tous cas à un clin d'oeil au groupe mythique. La voix indolente et embrasée rappelle parfois celle de Thom Yorke. Un peu aussi dans l’esprit vocal de Rufus Wainwright ! Il est vrai qu’on retrouve ce même ton folk traînant et souple, ce timbre fluet et discret, ainsi que ce phrasé de voix lymphatique qui ont faits entre autre le succès de cet artiste canadien. Néanmoins, que ce soit Everything else avec ses chœurs de vierges, I was asleep un peu underground, I’ll Jackson légèrement expérimental à la Floyd, My love’s on the pier assez flottant, Cloudflakes telle une comptine avec son chant enfantin, Louise très simpliste, Anything now ! (le seul morceau enlevé et vraiment énergique), Me and my horses aussi virevoltant qu’ondulant avec ses cordes et ses « claps in your hands », ou encore Nobody told me plutôt lourd, on peut dire que l’ensemble est d’une tristesse évidente, d’une lenteur ambiante sans équivoque mais d’une délicatesse maîtrisée et d’une unité esthétique flagrante quasi hypnotique, le tout dans une texture musicale évaporée qui reste à peu près semblable d’un titre à l’autre. Quoi qu’il en soit, Syd Matters a été encensée et adulée, notamment à la Route du Rock à Saint-Malo et au festival Inrocks, comme l’une des grandes révélations du moment. Alors, fort de cette critique élogieuse pour le moins consacrée et d’autant plus si le public l’a porté aux nues, on ne peut que s’incliner devant tant d’éloges et de louanges sans aucun doute bien mérités. Bref, il se dégage de cet album mélodique, une atmosphère aussi légère et magique que triste et mélancolique qui plaira sans aucun doute à tous ceux qui, comme moi, apprécient les ambiances musicales chères à Robert Wyatt, Nick Drake, Thom Yorke, Grandaddy et Radiohe


syd Matters live Everything Else
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Album : Syd Matters - Ghost Days (Because Music - janvier 2008)
Liens : http://www.sydmatters.com.
http://www.myspace.com/sydmatters

Daniel Darc, un fracassé de la vie

Rescapé de la vie, de la drogue, de l'autodestruction, l'ex-Taxi Girl nous offre ses «Amours suprêmes». Un nouvel album où se mêlent l'amour et la mort, beau, noir et fort.
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Je m'amuse, depuis toujours a compiler des "playlists" de toute sorte. Il y en a une qui s'appelle "la playlist a se flinguer" qui regroupe pele mele ce qui s'est fait de plus dark(?), de plus deprimant, les chansons d'amour françaises les plus dechirantes et a chialer, les songs suicidaires des plus tristes de nos chanteurs, une selection des plaintes morbides en chansons.
En ce debut d'année, la palme revient a la chanson "L.U.V", sur l'album de Daniel Darc "Amours Supremes", qui vient de sortir. Elle est en duo avec un autre grand déchiré de la chanson, Alain Bashung, et croyez moi, ne l'ecoutez pas au lever sans quoi votre journée est morte (si en plus vous aimez Daho et que vous y ajoutez "la vie continuera" sur l'album qu'il vient de paraitre)....Je ne donne pas cher de votre etat psychologique a suivre... Enfin, bon, il y a pire, quand meme... l'inexorable baisse dans les sondages de notre bouffon de president qui ne voit toujours pas venir le tragique de son role...

Daniel Darc (né Daniel Rozoum le 20 mai 1959 à Paris) fut le chanteur du groupe Taxi Girl de 1978 à 1986, et mène depuis une carrière solo. Il apparaît dans quelques films dans son propre rôle : Les Enfants de la Blank ou Le Garcon Sauvage de Marc Dufaud. Sur son premier album solo (Sous influence divine), sorti en 1987, il est épaulé par Jacno (ex-Stinky Toys, ex-Elli et Jacno) qui avait accepté de travailler avec lui sur la base d'un single mais réalisera l'album entier. Sur ce disque qui sonne beaucoup comme du Jacno, côté musical, Daniel Darc conserve l'écriture simple et immédiate qui est sa marque de fabrique depuis l'époque Taxi Girl. Au milieu de cet album assez policé, on relève la présence d'un titre très rock'n'roll (Le Seul garçon sur terre) et d'une cover de Comment te dire adieu, titre écrit par Gainsbourg et popularisé par Francoise Hardy.
En 1988, après sa rencontre avec Bill Pritchard , ils enregistrent en 7 jours l'album concept "Parce Que" traitant de l'ambivalence humaine. Sur cet album, on retrouve une reprise d'Aznavour (donnant son titre à l'album) et une adaptation du Velvet Underground (Stephany says). Tiré volontairement à 3 000 exemplaires, cet album rare et précieux, salué par la critique, scellera des liens indéfectibles entre les deux artistes qui vivront même un temps ensemble à Paris.
Toujours en 1988, Daniel Darc enregistre La Ville, très beau single produit par Etienne Daho. Il se débat alors avec ses addictions. Daniel Darc, quasi quinqua, écorché vif (autrefois capable de se tailler les veines sur scène), résume à lui seul la quintessence du mouvement punk français.Ce mouvement mort au combat au début des années 1980, supplanté par l’électronique new wave bon marché – dans lequel son groupe Taxi Girl s’était perdu - et par le raz-de-marée alternatif.
Les textes de ses chansons portent la marque de son style d'où la poesie n'est jamais absente. Voulant rompre avec près de vingt années d'excès divers, il s'est ensuite converti au protestantisme. L'année 2003marque sa renaissance auprès du grand public. Il sort une compilation, puis, l'année suivant, un nouvel album, Crève-cœur, conçu en tandem avec Frederic Lo. Crève-coeur a été une résurrection. Disparu des radars, plombé par des tentatives solos ignorées, pas aidé par son goût du chaos et cette idée qu'il vaut mieux être beautiful loser que petit gagnant, Darc semblait bien perdu. En 2004, son nouvel album arrive enfin au bon moment, quand les années 1980 redeviennent la référence musicale. Darc en avait été un acteur majeur, avec Taxi Girl.
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Darc participe ensuite à diverses productions avec Cali, Buzy, Tchéky Karyo, Elisa Tovati, Thierry Amiel ou Alizée. Début 2007, il participe à la tournée Les Aventuriers d'un autre Monde avec Jean-Louis Aubert, Alain Bashung, Cali, Richard Kolinka et Raphael.
Le 14 janvier 2008 est sorti l'album successeur de Crêve-cœur, conçu à nouveau avec Frédéric Lo. Le titre leader annonçé est Amours suprêmes, en référence à A Love Supreme, un album de John Coltrane dont Daniel Darc a fait l'un de ses disques de chevet (moi aussi) . Rescapé d'années d'errance et de déviance, Daniel Darc a choisi la chanson au titre rédempteur, J'irai Au Paradis comme premier single.
Darc incarne ses textes, on ne pourra jamais lui reprocher le contraire : masochiste et égotiste, fragile et exalté, préférant toujours la faillite fracassante à la banalité, sûr de la présence de Dieu mais torturé par l'absence de sens de la vie. Dans le très beau, dépouillé et acoustique Ça ne sert à rien, il invite le grand Robert Wyatt pour quelques hauts choeurs. Plus active, la collaboration de Bashung pour le duo en anglais L.U.V dans lequel les deux hommes déclinent quelques expressions mythiques du rock : « Dead Elvis, Bad Boy, Raw Power ». Pas prévenu, à la première écoute, on prendrait la voix de Bashung pour celle d'Iggy Pop quand il se décide à crooner. On préférera encore le très judéo-chrétien et presque solennel Les remords, ou le faussement allègre J'irai au paradis. Bien que Darc y incarne à fond son personnage : « Quand je mourrai, j'irai au paradis, c'est en enfer que j'ai passé ma vie », l'étrange légèreté du morceau apporte le trouble et l'ambiguïté qu'on attend du monsieur. Sur un tempo bossa-jazzy "Ça ne sert rien", le duo Darc/Lo joue les équilibristes en intégrant les soupirs répétés d’un St-Pierre mystérieux : Robert Wyatt "qui me fait penser à sa façon de chanter sur sa chanson Seasong, il effectue des soupirs saccadés et répétés…" avant de dévier vers un chant de sirène homérique.
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Daniel Darc, homme de gauche révolté, dit aimer pêle-mêle aussi bien Bukowski, Burroughs, Dylan que les auteurs de droite tels Nimier, Céline, Morand ou Blondin, preuve que le talent des autres est indépendant de la politique. Cependant, cet enfant d’un couple juif et catholique, converti au protestantisme, se dit aujourd’hui vigilant face aux extrémismes. L’histoire de sa grand-mère déportée et tuée par les nazis le hantera à jamais… "ça me rappelle que je fais partie d'une minorité. Je repense souvent à ce que chantait Joe Strummer dans Guns of Brixton : 'que feras-tu la prochaine fois quand ils sonneront à ta porte, auras-tu les mains sur la tête ou le doigt sur la gâchette ?', j’ai envie de dire que je prendrais... Mais n’est-il pas temps de faire le bien."


Difficile, pour ne pas dire impossible, de faire mieux que Crève cœur. On peut dire qu’il n’y a ici que dix morceaux… Toujours aussi torturé et seul face à la mort, Daniel n’en est pas moins amoureux de la vie et des mots. On retrouve l’un et l’autre dans ce disque fulgurant, réalisé et composé, comme le précédent, par Frédéric Lo. Robert Wyatt et Bashung sont les guests d’enfer (sans parler de la petite Morgane de Cocoon, déjà révélée par Murat) d’un disque prenant, à la fois tendre et désespéré. Mais avec cette petite lueur d’espoir qui est comme un fil rattaché à la survie.
Extraits des textes:
« Dans un an et un jour mon amour
Si personne ne t'a réclamé
Je viendrais te chercher
Oui, te chercher"
« Un pied sur le trottoir
Et l’autre qui brise une vitre
Ca forme un angle bizarre
Je trouve ça plutôt chic »
(class, non?)



Daniel Darc feat Alain Bashung "LUV"
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Album: Daniel Darc "AmoursSupremes" (Mercury/Universal)

Liens: www.danieldarc.com/
www.myspace.com/danieldarc