mercredi 26 mars 2008

R'N'B : Grace au succés d'Amy Whinehouse, retour aux sources soul avec Duffy & Adele

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(Amy Winehouse s'est mise à nue dans le cadre de la semaine de lutte contre le cancer du sein et parue dans le magazine anglais Easy Living.)

A l'origine Le rhythm and blues (ou R&B, parfois aussi abrégé R'n'B) est un genre musical combinant des influences de gospel et de blues. Le terme fut introduit en 1949 par Jerry Wexler, alors journaliste au magazine professionnel Billboard, qui devint un peu plus tard l'un des producteurs les plus réputé de son époque au sein de la firme Atlantic Records. Ce terme, qui se prête davantage au marketing musical, remplace peu à peu l'expression race music (« musique raciale »), trop péjorative. À ses débuts, le rhythm and blues désigne, comme son nom l'indique, une forme de blues rythmée, jouée exclusivement par des musiciens Noirs. Né au sortir de la Seconde Guerre mondiale, ce style est fortement influencé par les orchestres de jazz noirs de l'ère du swing, le rythme boogie-woogie, les structures harmoniques du blues, et surtout le gospel. Il se distingue du blues par ses thèmes plus gais, un tempo plus rapide, et l'accent mis sur la batterie et les cuivres. Le saxophone est alors l'instrument roi de ce genre musical, qui est aussi marqué par les chanteurs à la voix puissante. Le terme de rhythm and blues passe de mode dans les années 1960 parmi son public original afro-américain, pour être remplacé par la soul music, la Motown et James Brown; mais le genre sera une des influences majeures de nombreux jeunes musiciens britanniques qui formeront les groupes qui renouvèleront le rock, des Rolling Stones aux Who.
Toujours utilisé aux États-Unis depuis, et synonyme de black music (qu'elle soit soul, funk, disco ou urban au cours des années 1970 et 1980), le terme R&B (ou R'n'B) est réapparu en France au milieu des années 1990, cette fois désignant la nouvelle musique populaire noire américaine fortement influencé par le hip-hop, d'un côté, et le funk et la soul, de l'autre. Cette nouvelle musique R'n'B/hip-hop n'a parfois qu'un rapport très lointain avec le rhythm & blues original, mis à part pour certains artistes une même manière de chanter issue du gospel.
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Amy Winehouse
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Amy Winehouse : Depuis l’été 2007, elle défraye la chronique people. Il faut dire que la chanteuse britannique Amy Winehouse ne passe pas inaperçue : des épaules couvertes de tatouages, des yeux de chatte égyptienne surmontés d’une chevelure noire extravagante, curieux mélange de Morticia Adams et de Marge Simpson. Ajoutez à cela un fort penchant pour la cocaïne, l’héroïne et la kétamine et des concerts massacrés quand elle ne les annule pas tout simplement - et vous aurez tout pour faire la une des magazines people. Mais ses frasques ne parviennent pas à cacher le principal : du haut de ses vingt-quatre ans, Amy Winehouse est la nouvelle diva de la soul. Avec sa voix suave et ses rythmes balancés, elle suit sans complexe les pas des grandes chanteuses noires, Sarah Vaughan et autres Aretha Franklin, revendiquant pleinement l’héritage jazz et blues des années soixante et soixante-dix. En février dernier, elle a été consacrée « meilleure chanteuse de l’année » lors des Brit Awards.
La voix d'Amy Winehouse ressuscite l'âme du rhythm and blues et rappelle les années Motown, les voix soul des girls group des années 60, ce n'est pas un hasard car elle vénere ce style de musique, certains évoquent Motown, mais son côté trash rappelle davantage les artistes déjantés du label concurrent Stax. Elle s’inspire pour le composer des « girl groups » des années soixante - soixante-dix, la grande époques de Motown avec des groupes comme les SUPREME ou les SHANGRI-LA'S (son groupe préferé).
C'est un poids plume, une brindille de 1,57 mètre, mais sa voix est puissante à défoncer les cieux. Amy Winehouse hante des chansons dérangées d'idées noires qu'elle interprète les mains pleines de coupures et de démons. Ses mots portent la marque des cœurs brisés - dépressions sentimentales, comas mélancoliques, romantisme noir... Elle termine toujours les dernières mesures de son tube Rehab - ou comment la fin d'une histoire d'amour l'a précipitée à 20 ans dans l'alcool - les larmes aux yeux. Car l'amour qu'elle chante est une croix. Sa voix de black mama voltige dans les graves et remonte le temps: on retrouve avec elle la suprême élégance des divas de la soul. La même émotion authentique. Sur ses deux albums, Frank (2003) et Back to Black (2007), Amy remercie Count Basie, les Beastie Boys, Ray Charles, Nat King Cole, Michael Jackson, Sarah Vaughan, Dinah Washington, The Specials... Toutes ses idoles écoutées petite sur la chaîne stéréo de sa famille (juive d'origine russe) lui ont inspiré un cocktail de jazz et de hip-hop, une modernité rétro qui colle à l'époque. Amy Winehouse a grandi à Southgate, au nord de Londres. Amy entretient la flamme de la Motown, des Shangri-Las ou des Ronettes, ces groupes de girls (teenagers) des sixties que l'on joue toujours sur les juke-box des salles de billard qu'elle fréquente, à Camden.

http://www.myspace.com/amywinehouse


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Adele
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Adele : avec l'incroyable succès mondial de son album "Back to Black", Amy Winehouse a inspiré les maisons de disques à signer à la pelle des prétendantes à son trône. La première s'appelle Adele, et la seconde se prénomme Duffy. Elle a 19 ans, des yeux de chat, les rondeurs quasi-typiques des filles anglaises, et une apparente gentillesse qui vous donne envie de prendre le thé en sa compagnie.
Elle n’a physiquement rien à voir avec sa compatriote Amy Winehouse, mais, comme elle un an après, Adele est devenue LA soul sister britannique, avec 19, un premier album éclectique et mélancolique. Ce disque commence, simplement, avec un titre dense et épuré, Daydreamer, joué à la guitare. On le devine assez vite : tout repose sur la voix d’Adele. Quand Amy, la diva poudrée, convoquait un groupe au son Motown, avec force cuivres et groove implacable, Adele, elle, privilégie le dépouillement, et chante, avec une voix aux accents typiquement anglais, sa vie de jeune Londonienne fraîchement entrée dans l'âge adulte.
Adele se rapprocherait donc plus de Lily Allen ou Kate Nash, dans sa façon de chanter sa vie, son amour pour sa ville, Londres (Hometown Glory, à chialer, pourvu qu'on soit déjà un peu triste…), ses amours (Crazy For You).
Malgré tout, une partie des titres de ce premier album manquent d’inspiration, s’égarant dans des sphères un peu trop variet’ (Attention à ne pas trop chanter comme Lisa Stansfield… !). On regrette ainsi qu’il n’y ait pas plus de chansons du gabarit de Daydreamer ou First Love, où Adele réussit, avec une simple guitare et le vécu d’une jeune femme de son âge, à émouvoir et charmer.
Pour (peut-être) aider 19 à se faire une place dans les charts, quelques titres plus groovy viennent s'ajouter au reste. Ainsi, Melt My Heart To Stone et Right As Rain renvoient directement vers Amy Winehouse, le côté trash en moins et My Same nous fait penser au My Baby Just Cares For Me de Nina Simone. Une autre chanson, Cold Shoulder, flirte avec l'electro. il y a chez elle un côté brut, vintage, rustique, que la production lisse de l’album – et c’est le principal reproche qu’on lui fera – a un tantinet trop astiqué.

Album : Adele "19" ( XL Recordings/Beggars Group/Naïve/2008)
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Duffy
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Duffy : Ma preference parmi les pretendantes au trone du Rhytm'n'blues revival, c'est elle. Duffy a pour l’instant une bonne longueur d’avance : son single Mercy est déjà n°1 des ventes, et ce, sans que le disque soit physiquement sorti. Influencée par Doris Duke, Bettye Swann, Scott Walker et Richard Hawley, Duffy a commencé à écrire des chansons dès l'âge de dix ans. Ses compositions portent toutes les traces des musiques soul dans lesquelles elle a baigné pendant son enfance et des sonorités beaucoup plus modernes. Son premier album, Rockferry, est attendu en France au mois d'avril.
On voit déjà les gros titres des tabloïds opposant la blonde et sage Duffy à la brune et tumultueuse Amy, délaissant le point de vue musical à une confrontation aussi hypothétique qu’inutile. Car au jeu des pronostics, gageons qu’à l’écoute de ce premier single, on est en droit d’attendre beaucoup de la jeune anglaise : le timbre de voix est certes le même, mais, à une différence, sa suavité est moins technique que celle d’Amy Winehouse, plus corporelle, moins travaillée. Allons donc ! La comparaison est beaucoup trop facile. Il est impossible d’ailleurs d’imaginer une seule seconde que les gens d’Universal dans leurs quêtes effrénées de qualité musicale aient cédé un seul instant à une telle facilité. Pour commencer, la musique n’est pas la même. Amy fait de la soul plus directe, plus moite. Ce disque, Rockferry, lorgne plus du côté de la Northern Soul et des chanteuses blanches enregistrant à Memphis sous la houlette d’un producteur mégalo. On a quelque chose de beaucoup plus consensuel, beaucoup plus pop, en fait. Bon, allez, promis, la comparaison avec Miss Winehouse s’arrêtera là.
Il y a quelque chose de presque palpable chez Duffy que l’on ne retrouve pas forcément chez la première. Ce phrasé soul est assez unique en son genre et peu d’artistes ont la capacité d’en faire quelque chose d’intéressant qui ne vire pas à la soupe commerciale. Duffy peut connaître un véritable succès critique et commercial, tout dépend des choix qu’elle fera et des producteurs dont elle s’entourera. Elle s’est plutôt bien entourée puisque c’est l’ex-Suede Bernard Butler qui la produit, la voix est mise en valeur juste ce qu’il faut et au niveau des arrangements il renoue avec ses plaisirs soul-pop. Enregistré directement sur bande, l’album possède un charisme qui lui est propre. Parmi ses points forts, on remarque, avec son air de défi, l’entraînant « Mercy », hanté par le fantôme de Motown, “Warwick Avenue”, accrocheur à faire peur et “Serious” avec son refrain tranchant comme un rasoir. “Il y a une partie de moi qui essaye d’assurer une cohésion d’ensemble, mais il y a une autre partie de moi qui veut juste crier, s’épuiser sur scène et dire ‘Je suis là !’”
Album : Duffy "Rockferry" ( label A&M Distributeur : Universal Music )

Site officiel : http://www.blogger.com/www.iamduffy.com



Amy Winehouse - "Rehab" Live on David Letterman


Adele - Chasing Pavements [Live]


Duffy - Warwick Avenue live from Later... With Jools Holland

1 commentaire:

saab a dit…

Superbe post qui remet l'église au milieu du village. J'avoue j'ai moi-même au tout début du mois fait une chronique sur Amy sur mon blog et j'ai vraiment eu un coup de coeur pour sa musique sans être influencée par les médias. Back to Black est génial mais Franck est très particulier aussi, il est au moins aussi bon que son successeur.

En ce qui concerne Adèle j'ai écouté et son album n'est pas terrible il fait très guimauve par contre on sent le potentiel derrière cette jeune demoiselle. En ce qui concerne Duffy c'est un très bon début mais trop calibré pop (mais comme elle je suis folle de Richard Hawley).

Une autre artiste que j'apprécie bien dans le mouvement revival (et qui est apparue avant Adèle et Duffy mais n'a pas trouvé le même écho parmi les médias trop partisans) c'est Nicole Atkin, son myspace :
http://www.myspace.com/nicoleatkins